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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

18/09/2024 15:21 304
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La Carte babylonienne du monde est parsemée de détails offrant un aperçu d'une époque vieille de plus de deux millénaires : elle révèle certaines des croyances cosmogoniques de la Mésopotamie du VIe siècle av. J.-C., avec des parallèles avec l'Arche de Noé biblique, notamment.

 
 

La Carte babylonienne du monde, ou Imago Mundi – aujourd'hui devenu le nom de la Revue internationale d'histoire de la cartographie –, représente le monde tel qu'il était connu des Babyloniens au VIe siècle av. J.-C., inscrit sur une tablette d'argile de 12 centimètres sur 8. Découverte dans l'ancienne Sippar (actuel centre de l'Irak), celle qui est considérée comme la plus vieille carte du monde ne se contente pas d’offrir une représentation schématique de la Mésopotamie d'il y a 2 600 ans. Elle révèle aussi les croyances de ses anciens habitants.

Dans une vidéo passionnante de 17 minutes publiée sur la chaîne YouTube du British Museum de Londres (Angleterre) en août 2024, le célèbre conservateur britannique Irving Finkel, spécialiste du cunéiforme au département du Moyen-Orient du musée, explique tout de ses subtilités. "Au British Museum [où est conservée la précieuse tablette, ndlr], nous avons des objets de toutes les tailles, des têtes d'épingles à d'autres gigantesques, et tout ce qu'il y a au milieu", introduit-il. "Or de temps en temps, certaines des plus petites s'avèrent contenir des informations totalement inattendues", poursuit-il, agitant une réplique de l'artefact, en partie incomplet.

Carte babylonienne: le monde et au-delà

La plaquette est gravée de plusieurs paragraphes en cunéiforme akkadien, ancien système d'écriture alors répandu dans tout le Proche-Orient. Ses symboles en forme de coin décrivent la création précoce du monde tel qu’imaginée à l’époque, ce à quoi il ressemble et qu'est-ce qu'il existe au-delà de ses frontières. La Mésopotamie y est ensuite représentée sans souci de distance ou de proportions, traversée du nord au sud par le fleuve Euphrate, enjambé par Babylone. Les villes sont des cercles, figurées par leurs noms ou ceux des tribus : sur la droite, l’Urartu, l’Assyrie et Dêr ; sur la gauche Habban et le Bīt Yakīn ; en dessous des marais, Suse.

La carte illustre ainsi la perception babylonienne de la Terre au début du premier millénaire av. J.-C., montrant un monde unique sous forme de disque, bordé par un anneau d'eau qui est dénommé la "Rivière Amère". "Ce diagramme circulaire encapsule l’ensemble du monde connu dans lequel les gens vivaient, prospéraient et mouraient", précise le Dr Finkel dans la vidéo.

"Cependant, il y a plus dans cette carte que cela", ajoute-t-il. Au-delà du double cercle de la "Rivière Amère", ses auteurs ont dessiné des triangles. La tablette ayant été endommagée, deux d'entre eux – sur huit supposés – étaient encore visibles. Mais grâce au travail minutieux d’Edith Horsley, une bénévole du British Museum, un fragment manquant a été retrouvé dans les archives dans les années 1990 : un troisième triangle, réinséré dans la tablette, qui a permis de "nous faire voyager à travers le paysage quelque peu mythique de la Mésopotamie".

Des légendes liées au Déluge et à l'Arche ?

Les trois régions périphériques ont finalement été associées aux textes du recto de la tablette, où de brèves légendes commencent par la même phrase : "depuis la Rivière Amère, tu devras parcourir [six ou huit] lieues pour atteindre [...]." L'une d'entre elles fait écho à un autre texte cunéiforme daté de 1750 av. J.-C., découvert en 1985 et également étudié par Irving Finkel. Il renferme le récit d'un déluge similaire à celui de Noé, décrivant avec tant de précision la conception du bateau qu'en 2014, sous l'impulsion du scientifique, une réplique à un tiers de l’échelle de "l’Arche babylonienne" a été reproduite à Alleppey (sud-ouest de l'Inde).

La Carte babylonienne du monde, quant à elle, semble narrer la création du monde par Marduk (ou Bēl), dieu protecteur de Babylone. Elle mentionne plus d’une douzaine d’animaux (chèvre, lion, léopard, hyène, loup), ainsi que des souverains notables, tel qu'Utnapishtim, héros de l'Épopée de Gilgamesh qui survit au fameux Déluge. Il est même suggéré que l'épave de l'Arche serait visible en gravissant une montagne dans le prolongement de l'Urartu. "Pour la première fois, nous pouvons affirmer avec certitude que, si nous étions un Babylonien de l’époque, nous saurions où aller pour voir les restes de ce bateau légendaire", s'enthousiasme Irving Finkel.

L'expert souligne par ailleurs que l'assyrien "Urartu" correspond à l'hébreu "Ararat"… du nom des monts où, selon la Genèse (chapitre 8, verset 4), premier livre de la Bible, l’Arche de Noé se serait posée après que les eaux du Déluge se soient retirées. Un récit en inspire un autre.

L'auteur de la carte et des textes de l'Imago Mundi reste néanmoins inconnu. Si les chercheurs ont pu constater qu'il était souvent d'usage que des tablettes cunéiformes soit signée du nom de leur lointain scribe, le morceau le comportant autrefois est ici détaché. Ici, seul le nom de son père, "Issuru" ("oiseau") a été conservé, un patronyme des plus singuliers chez les Babyloniens, selon Irving Finkel. Ainsi, la plus vieille carte du monde aujourd'hui connue recèle encore de bien des mystères. Comme le rappelle l'expert avec justesse, l'archéologie est une discipline parfois déconcertante, qui demande des siècles pour livrer tous ses secrets.


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