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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

11/09/2024 13:15 323
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Le 4 septembre 2024, le Nara National Research Institute for Cultural Properties a annoncé une découverte exceptionnelle : un fragment de bois vieux de 1300 ans, contenant ce qui semble être la plus ancienne table de multiplication du Japon. Retrouvé en 2001 sur le site de Fujiwara-kyo, l’ancienne capitale japonaise, ce vestige intrigue les chercheurs par sa rareté et sa complexité.

 

La découverte de vestiges anciens permet souvent de mieux comprendre les pratiques quotidiennes des civilisations passées, notamment leurs méthodes d'administration et de gestion. Récemment, des chercheurs du Nara National Research Institute for Cultural Properties ont mis au jour un fragment de bois vieux de 1300 ans, retrouvé sur le site de Fujiwara-kyo, l'ancienne capitale du Japon.

Ce morceau de tablette, initialement pris pour une simple planche d'entraînement, a révélé une table de multiplication complexe, semblable à celles utilisées dans la Chine impériale. Cette trouvaille jette un éclairage inédit sur les pratiques administratives de l'époque et montre l'influence des modèles mathématiques chinois et coréens sur les fonctionnaires japonais. Le contexte de la découverte, dans un bureau gouvernemental, laisse également penser que ces calculs étaient utilisés dans des domaines aussi variés que la gestion des impôts ou l'organisation des jours de travail.

Un fragment d'une importance historique majeure

Les archéologues ont découvert le fragment de 16,2 cm de long pour 1,2 cm de large lors des fouilles du site de Fujiwara-kyo. Il s’agit de la première capitale japonaise construite selon le modèle chinois. Située dans l'actuelle ville de Kashihara, cette cité constituait le centre politique et administratif du Japon entre 694 et 710. Le palais de Fujiwara, lieu de la découverte, abritait les principales instances gouvernementales de l’époque. Plus précisément, la table se trouvait dans le bureau de l'Emon-fu. Ce dernier jouait un rôle clé dans la gestion de la sécurité et des tâches administratives.

Lorsque les chercheurs ont initialement examiné la tablette, ils ont été déconcertés par l’apparente irrégularité des inscriptions. Cela laissait penser à un simple exercice d'écriture. Cependant, l'imagerie infrarouge a permis de révéler des équations de multiplication gravées en kanji, caractères chinois adoptés par le Japon. Ces inscriptions incluaient des formules comme « 9 x 9 = 81 » et « 6 x 8 = 48 ». Elles confirment que cette tablette faisait bien partie d’un tableau plus large, utilisée pour des calculs administratifs dans les bureaux impériaux.

 

© Nara National Research Institute for Cultural Properties

« Si la table de multiplication était entière, la tablette en bois mesurerait 33 centimètres de long avec toutes les équations écrites », précise Kuniya Kuwata, chercheur en chef à l'Institut national de recherche sur les biens culturels de Nara.

Un lien avec les modèles chinois et coréens

La tablette retrouvée à Fujiwara-kyo présente une structure de multiplication bien plus complexe que ce qui avait été observé jusqu'alors au Japon. Elle comporte cinq lignes d'équations, écrites de droite à gauche. Elles évoquent de fait directement les méthodes mathématiques employées sous les dynasties Qin et Han en Chine. Ces dynasties, s'étendant entre le 3e siècle avant notre ère et le 3e siècle de notre ère, ont établi des systèmes mathématiques structurés pour gérer les tâches administratives et fiscales de leurs vastes empires. En Corée également, on utilisait des systèmes similaires à l’époque. Les précédentes découvertes de tablettes au Japon montraient généralement des équations organisées sur seulement deux ou trois lignes. Elles suggéraient une approche plus basique des calculs. La découverte de ce fragment à cinq lignes bouleverse cette perception.

Ce lien avec les modèles chinois et coréens suggère alors une influence culturelle et technique forte entre ces civilisations et le Japon ancien. Les pratiques administratives japonaises semblent avoir directement tiré parti de ces systèmes mathématiques pour organiser des tâches complexes. Cette multiplication sophistiquée aurait permis aux autorités japonaises de rationaliser les processus administratifs à une époque où les outils mathématiques étaient cruciaux pour la gestion des ressources humaines et économiques. Les échanges culturels avec la Chine et la Corée semblent donc avoir joué un rôle déterminant dans l’adoption et l’adaptation de ces techniques au Japon.

Un usage administratif pour une société en expansion

La table de multiplication retrouvée à Fujiwara-kyo semble avoir été un outil essentiel dans le cadre des fonctions administratives de l'époque. Notamment au sein du bureau des gardes de l'Emon-fu. Chargé de la sécurité au sein de la cour impériale et autour du palais de Fujiwara-kyo, l'Emon-fu veillait non seulement à la protection physique des lieux, mais aussi à la gestion de nombreuses tâches administratives liées à l’organisation quotidienne du gouvernement. Ce bureau avait la responsabilité d’assurer le bon déroulement des affaires courantes.

En plus de ses fonctions de sécurité, l'Emon-fu avait également un rôle important dans la gestion des ressources humaines de l’époque. Il se chargeait de planifier les jours de travail des fonctionnaires et de coordonner les services au sein de la cour impériale. Ce processus exigeait des calculs fréquents pour déterminer les affectations de chacun. Vraisemblablement, on utilisait des tables de multiplication pour faciliter ces tâches de calcul complexes. Elles permettaient aux administrateurs de gérer efficacement le temps de travail, les absences et les rotations des effectifs. Ce rôle organisationnel de l'Emon-fu maintenait l’ordre et la productivité au sein de l’administration impériale.

L'usage des mathématiques dans l'administration permettait aussi de superviser la collecte des impôts. Un pilier central de l'économie, assurant que chaque contribuable payait sa juste part en fonction de calculs précis et standardisés. Ces outils permettaient de gérer efficacement une société en pleine expansion, avec des besoins administratifs de plus en plus complexes.

Une origine plus ancienne ?

En outre, certains experts émettent l'hypothèse que cette tablette pourrait avoir des racines plus profondes. Elle pourrait remonter à la période Kofun, qui s'étend du milieu du 3e siècle au 7e siècle. Cette période est caractérisée par la construction des tumulus monumentaux, des sépultures destinées à l'élite japonaise.

La maîtrise des mathématiques pourrait avoir joué un rôle clé dans la conception de ces structures massives. Les proportions, les volumes et les alignements de ces tumulus auraient nécessité des calculs géométriques et arithmétiques complexes, rendant l'utilisation de tables de multiplication indispensable. Cette hypothèse renforce l'idée que la culture mathématique était bien ancrée dans la société japonaise ancienne. Elle servait à des fins pratiques bien au-delà des simples tâches administratives, influençant également des projets architecturaux et rituels de grande envergure.

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