Découvert près de Dahchour, ce mastaba de l’Ancien Empire abrite de superbes peintures représentant de rares scènes de la vie quotidienne. ©St.J.Seidlmayer/DAIK
Une mission germano-égyptienne vient de découvrir un mastaba orné de magnifiques bas-reliefs peints sur le site archéologique de Dahchour en Égypte. Cette tombe en briques crues a été mise au jour dans une vaste nécropole s’étendant à l’est de la pyramide rouge du pharaon Snéfrou (2561-2538 av. J.-C.). Elle appartenait à un couple de hauts dignitaires qui œuvrèrent dans la région il y a plus de 4 300 ans.
Dans un communiqué publié le 21 mars 2024, le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a annoncé la découverte d’un mastaba de l’Ancien Empire à Dahchour, un site de pyramides situé à 40 km au sud du Caire. Une équipe de chercheurs de l’Institut archéologique allemand du Caire explore actuellement la partie supérieure d’une tombe privée abritant les sépultures d’un fonctionnaire royal et d’une prêtresse égyptienne. La fouille de cet édifice- daté entre la fin de la Ve et le début de la VIe dynastie- a révélé de superbes bas-reliefs représentant de rares scènes de la vie quotidienne.
Dahchour, un site de pyramides abritant un vaste cimetière de l’Ancien Empire
Dahchour est une nécropole égyptienne antique connue pour ses impressionnantes pyramides érigées durant l’Ancien et le Moyen Empire. Cette zone archéologique abrite deux pyramides du pharaon Snéfrou (la pyramide rhomboïdale et la pyramide rouge) et plusieurs pyramides construites par les souverains des XIIe et XIIIe dynasties.
Le couloir et la salle de culte mis au jour à Dahchour sont décorés de subtiles peintures murales. ©St.J.Seidlmayer/DAIK
Dahchour renferme également de nombreux cimetières regroupant des tombes bâties pour des membres de la famille royale et des hauts dignitaires qui œuvrèrent pour la Couronne. Le site est fouillé depuis les années 1970 par l’Institut archéologique allemand du Caire (DAI). Les recherches se sont tout d’abord concentrées sur les pyramides. Les archéologues ont ensuite décidé d’explorer les sépultures des fonctionnaires locaux. En 2002, ils ont ainsi découvert une vaste nécropole où les habitants de Dahchour étaient inhumés durant l’Ancien Empire.
La pyramide rouge de Snéfrou, à Dahchour © Wikimedia Commons / Olaf Tausch
Une tombe appartenant à un haut fonctionnaire royal et à une prêtresse égyptienne
Le mastaba mis au jour en 2024 se situe à l’est de la pyramide rouge, dans le cimetière de l’Ancien Empire repéré par l’Institut archéologique allemand en 2002. D’après Stefan Seidlmayer, le directeur de la mission, cette tombe maçonnée en briques crues appartenait à un personnage nommé Sénebnébef et à son épouse Idet. Elle daterait de la fin de la Ve dynastie ou du début de la VIe dynastie (environ 2 300 av. J.-C.).
Le mastaba mis au jour à Dahchour appartenait à un personnage nommé Sénebnébef et à son épouse Idet. ©St.J.Seidlmayer/DAIK
Les inscriptions hiéroglyphiques décorant ses parois indiquent que Sénebnébef occupait plusieurs fonctions dans la résidence royale, dont celle d’administrateur des tenanciers (khentyou-ché). Stefan Seidlmayer précise qu’il se chargeait peut-être de gérer les fonds pour la communauté habitant dans la ville voisine qui était contrôlée par le palais. Sa femme Idet portait quant à elle le titre de prêtresse d’Hathor, maîtresse du Sycomore.
Des bas-reliefs représentant de magnifiques scènes de la vie quotidienne
La fouille de cette tombe de l’Ancien Empire a également révélé de délicates peintures murales reproduisant des scènes de la vie quotidienne en Égypte antique. Ces bas-reliefs colorés représentent des ânes piétinant du grain, des bateaux naviguant sur le Nil, des produits vendus sur le marché et des porteurs d’offrandes. Hisham El-Leithy, secrétaire général par intérim du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, souligne l’importance de cette découverte, « très rare dans les mastabas de Dahchour ».
Les scènes de la vie quotidienne représentées dans le mastaba de Sénebnébef sont particulièrement raffinées. ©St.J.Seidlmayer/DAIK
L’exploration du mastaba de Sénebnébef et d’Idet n’en est qu’à ses débuts. Les puits funéraires n’ont pas encore été fouillés. Lors de la prochaine saison, les archéologues espèrent y retrouver des restes humains qui leur permettront de mieux appréhender l’organisation de cette sépulture vieille de 4 300 ans.