vendredi, 20/09/2024
  • Tiếng Việt
  • English
  • French

Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

22/09/2023 10:15 817
Rating: 0/5 (0 votes)


L'un des artefacts en bois vieux de centaines de milliers d'années, retrouvé près des chutes du Kalambo (Nambie). © University of Liverpool / Professor Larry Barham

La plus ancienne construction en bois du monde, façonnée par les mains d'un ancêtre humain il y a environ 476 000 ans, a été découverte en Zambie. Or, elle révèle l'ingéniosité et les prouesses techniques de nos ancêtres préhistoriques, auparavant insoupçonnées.

La découverte est des plus exceptionnelles. "Lorsque je l'ai vu pour la première fois, je me suis dit que ce n'était pas possible", déclare même au Guardian le professeur Larry Barham, du département d'archéologie de l'université de Liverpool (Angleterre) et directeur des travaux qui en ont été à l'origine.

Sur la rive de la rivière Kalambo bordant la Zambie et la Tanzanie, au-dessus du lac Tanganyika, les chercheurs ont mis au jour les restes de la plus vieille structure en bois jamais identifiée, construite par des ancêtres des humains il y a au moins 476 000 ans, durant l'âge de pierre.

L'étude des bûches, dont les résultats sont publiés dans Nature le 20 septembre 2023, est remarquable ; le bois, matière organique, survit très rarement de très longues périodes. D'autant que la structure, réalisée bien avant l'émergence de l'Homme moderne (Homo sapiens) il y a environ 300 000 ans, suggère "un niveau élevé d'ingéniosité, de compétence technologique et de planification", note le Pr Barham. Le travail du bois pourrait ainsi être antérieur à l'émergence de notre propre espèce.

Une plate-forme en bois pour les tâches quotidiennes ?

Depuis les années 1950, les scientifiques fouillent les environs des chutes d'eau du Kalambo, plus hautes ininterrompues d'Afrique- après celles de la Tugela, en Afrique du Sud- qui se jettent dans le lac Tanganyika (nord de la Zambie), lui-même l'une des plus grandes étendues du continent.

Les recherches antérieures, menées autour d'un petit lac en amont de la cascade de 221 mètres, avaient déjà permis de révéler des outils en pierre, du pollen ancien et des artefacts en bois. Ces derniers n'avaient extraordinairement pas pourri, préservés pendant des centaines de milliers d'années dans une nappe phréatique constamment élevée, aux sédiments gorgés d’eau et privés d’oxygène.

La nouveauté vient de l'analyse de cinq des morceaux de bois, notamment à travers une nouvelle méthode de datation des sédiments du site par luminescence- elle consiste à mesurer depuis combien de temps les grains de sable ont été exposés à la lumière.

Les spécialistes de l’université d'Aberystwyth (Pays de Galles) ont ainsi pu estimer qu'une bûche coupée et un morceau de bois effilé étaient vieux d'environ 324 000 d'années; un bâton à creuser, de 390 000 d'années ; et une cale en bois et deux bûches superposées, de 476 000 d'années.

Mais alors que les plus petits morceaux de bois modifiés semblent similaires à des outils de 400 000 ans retrouvés en Europe et en Chine, probablement employés dans des taches liées à la recherche de nourriture et à la chasse, les bûches imbriquées n'ont "aucun parallèle connu dans le Paléolithique africain ou eurasien", écrivent les auteurs de l'étude, avant d'ajouter:

Les deux grandes bûches, qui présentent des traces de hachage et de grattage ainsi qu'une encoche, réalisés à partir des outils en pierre décelés sur le site, semblent en effet avoir été assemblées pour former une structure. "Il pourrait s'agir [...] d'une partie de la fondation d'une plate-forme, développe Larry Barham [Celle-ci] aurait pu servir à stocker des objets, à garder du bois de chauffage ou de la nourriture au sec, ou encore à s'asseoir et à fabriquer des objets, installer un petit abri et y dormir…"

Les autres pièces auraient pu faire partie d'un piège ou "d'un plan de travail, comme un établi Black and Decker [le Bricorama, Mr.Bricolage ou Leroy Merlin américain, en quelque sort, ndlr]", continue-t-il.

"Changer la façon de penser à nos premiers ancêtres"

Auparavant, les chercheurs pensaient que les hominidés vivant à Kalambo durant le Pléistocène moyen (il y a 781 000 à 126 000 ans)- peut-être l'Homo heidelbergensis, connu dans la region- étaient des butineurs nomades, avec finalement peu de compétences technologiques. Les nouvelles conclusions, en plus de repousser la date d'occupation des lieux, montrent que ces lointains ancêtres désormais éteints étaient beaucoup plus intelligents qu'il ne l'était imaginé.

Les archives archéologiques des comportements de ces mystérieux hominidés proviennent habituellement d'artefacts presque indestructibles, faits de pierre notamment. La découverte d'objets périssables bien conservés permet d'élargir nos connaissances de l'évolution humaine.

À l'époque, les matériaux dont ils disposaient- la pierre, le bois, peut-être le feu- ont pu être utilisés à grande échelle pour transformer leur environnement. Si aujourd'hui, un tel travail du bois nous paraît évident, prouver que ces comportements étaient répandus par le passé n'est pas une mince affaire.

"Ce n'est peut-être pas le début de l'environnement bâti, mais c'est la première fois que nous avons des gens qui prennent des arbres, qui prennent en charge ce matériau et qui façonnent quelque chose qui n'a pas de précédent, qui n'a pas de forme naturelle à imiter", résume Larry Barham.

Selon lui, les abords de Kalambo pourraient renfermer des objets en bois encore plus anciens. Les chercheurs travaillent désormais en priorité, avec le gouvernement zambien, à ce que les chutes soient inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, en raison de leur importance archéologique.

https://www.geo.fr/

Shares: