Trouvaille rarissime, il s'agit aussi du tout premier squelette de panda géant trouvé en entier dans une tombe. L'animal aurait été sacrifié pour l'empereur Han Wendi, qui régna sur la Chine au 2e siècle av. J.-C.
Un panda géant du zoo de Chongqing, en août 2023.
Des chercheurs chinois de l'Académie d'archéologie du Shaanxi affirment avoir découvert le premier squelette complet de panda géant dans la tombe d'un ancien empereur de la dynastie Han, située dans la ville de Xi’an, qui fut la capitale de l’Empire chinois durant treize dynasties. La présence de l’animal, qui met en lumière les rituels funéraires royaux d'il y a plus de 2000 ans, était assurément le symbole d’un statut suprême. Il est probable qu'il ait été sacrifié.
Le panda a été trouvé dans un ensemble de fosses creusées sur une colline, non loin d’un vaste mausolée dédié à l'empereur Han Wendi (aussi connu sous son nom de naissance, Liu Heng), cinquième empereur de la dynastie des Han dont le règne s’est étendu de 180 à 157 avant J.-C. La tête de l'animal était orientée vers l'est, dans la direction de la tombe de l'empereur. "Les fosses de sacrifice d'animaux que nous avons fouillées pourraient être une réplique des jardins royaux et des fermes de la dynastie Han occidentale", écrit Hu Songmei, archéologue à l'Académie d'archéologie du Shaanxi et membre de l'équipe qui a fouillé les fosses, dans un article publié le 4 août 2023 dans la revue Chinese Social Sciences Today. Le mausolée de Han Wendi, lui, avait été retrouvé en 2017 après une longue quête des archéologues chinois.
Des pandas plus répandus il a 2000 ans
Aucun panda géant "complet" n’avait jusqu’ici été retrouvé dans une tombe. En 1975, seul un crâne de cette espèce d’ursidé endémique de la Chine avait été mis au jour dans la tombe de la mère de l'empereur Han Wendi, l’impératrice-douairière Bo, mais le corps de l'animal avait disparu, peut-être suite à un vol.
Les restes complets du panda géant. Crédits: Administration du patrimoine culturel de la province de Shaanxi
Selon les chercheurs, les pandas devaient évoluer sur un territoire plus vaste à l'époque, car un climat plus chaud aurait permis à leur aliment de base, le bambou, de pousser dans les forêts situées au nord des habitats naturels actuels de l’espèce- et donc dans le Shaanxi. "Les versants nord des monts Qinling possédaient des forêts plus humides et plus chaudes, et la température à cette époque devait être supérieure d'un ou deux degrés Celsius à celle d'aujourd'hui", a déclaré Hu Songmei au journal West China City Daily.
Au total, 380 fosses de terre de forme plus ou moins rectangulaires remplies de squelettes d’animaux divers ont été trouvées. Parmi eux, une grande majorité de mammifères placés dans des récipients en brique, mais aussi des reptiles, déposés dans de petits cercueils en bois, ou encore des oiseaux, inhumés cette fois dans des récipients en poterie.
Tigre, aigle et tapir
Placé directement dans la tombe de l’empereur se trouvait aussi les restes d’un tigre, d’un yak, d’un gaur (ou gayal), plus grand bovidé du monde, d’un takin de l’Himalaya (une sorte de gnou) ou encore le squelette complet d’un tapir malaisien, un mammifère qui a disparu de Chine il y a environ 1000 ans (et qui figurent aujourd'hui sur la liste des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature). Dans la sépulture de l’impératrice-douairière Bo se trouvaient, cette fois, les restes d'un rhinocéros et ceux d'un aigle royal.
Ici, le squelette du tapir malaisien. Crédits: Administration du patrimoine culturel de la province de Shaanxi
Ce n’est pas la première fois que les archéologues découvrent en Chine des animaux sauvages sacrifiés enterrés aux côtés de défunts: de nombreux chiens et porcs ont été trouvés dans des tombes moins prestigieuses. "D'après les rapports de fouilles dont nous disposons actuellement, les animaux exotiques et les oiseaux rares n'ont en revanche été découverts que dans les mausolées des empereurs, des impératrices et des impératrices-douairières. Ils étaient un symbole de statut et de prestige", écrivent les chercheurs. Des analyses ADN et isotopiques afin d'identifier ce que les animaux mangeaient et d'où ils venaient devraient être réalisées dans un second temps.