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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

23/06/2023 10:19 734
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Observations sur la coque de l'épave de "Zambratija", Istrie (Croatie). © Philippe Groscaux / Mission Adriboats / CNRS / CCJ

Il y a environ 3 000 ans, un bateau cousu à la main dénommé Zambratija coulait au large des côtes de l'actuelle Croatie. Désormais, une équipe franco-croate s'apprête à extraire de l'eau l'impressionnant vaisseau, qui pourrait bien aider à percer les mystères séculaires de techniques antiques.

"La mer est le plus grand musée du monde et l’Adriatique, un richissime gisement d’épaves", révélait à GEO l’archéologue Giulia Boetto, chargée de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans un entretien en 2018. Elle travaillait alors sur les fouilles de Zambratija, une incroyable épave d'environ 3 200 ans, identifiée quelques années plus tôt dans la baie éponyme, en Croatie.

En plongeant pour l'observer, les chercheurs ont découvert de petits trous creusés dans le bois et les traces de passage de cordes, permettant de le classer dans la famille des bateaux dit "cousu main". Il s'agit même du doyen de son genre en Méditerranée. Les planches de bois étaient autrefois reliées à l'aide brins de cordelettes végétales, selon une technique de construction qui a perduré de l'Antiquité jusqu’au haut Moyen Âge dans l’Adriatique orientale et ailleurs.

Mais alors qu'elle gisait dans les eaux croates, dissimulée sous des pierres et des sacs de sable pour la protéger des plongeurs trop curieux, l'épave de Zambratija est sur le point d'émerger : selon un communiqué du CNRS du 6 juin 2023, une équipe franco-croate du Centre Camille Jullian (CNRS/AMU) et du Musée archéologique d’Istrie (Pula, Croatie) va se lancer dans une opération extraordinaire pour extraire hors de l'eau cette merveille antique et enfin, pouvoir l'étudier plus en détail.

Une épave bien conservée, témoin d’une tradition navale antique

En réalité, le bateau a été vu pour la première fois en 2008, par des pêcheurs locaux. Une observation réalisée à 600 mètres de la plage de Zambratija et seulement deux mètres de profondeur, qui a laissé à penser aux archéologues qu'il devait s'agir d'une épave récente. La datation initiale a finalement surprenamment montré qu'au contraire, elle était particulièrement ancienne.

De nouvelles recherches ont été menées en 2011 afin de prélever d'avantages d'échantillons et d'effectuer des analyses plus rigoureuses. Les résultats de la datation ont ainsi révélé que la coquille a été construite entre la fin du XIIe siècle et la fin du Xe siècle av. J.-C., durant l'ère pré-romaine.

Le navire, qui mesure 7 mètres de long sur 2,5 mètres de largeur, est un bateau cousu. Des ouvriers l'ont minutieusement construit en utilisant des fibres flexibles pour assembler ses morceaux de bois. La technique était d'ailleurs employée dans le monde entier avant le développement des attaches métalliques. Après encore, elle pouvait être utilisée sur les petits bateaux pour réduire les coûts.

L'épave constitue ainsi "l’un des rares témoins d’une tradition navale antique, sur les côtes croates d’Istrie et de Dalmatie", écrit ainsi le CNRS. "Son architecture et sa construction, la technique d’assemblage des virures, ainsi que le système d’imperméabilisation de la coque, n’ont aucun équivalent dans l’espace méditerranéen", est-il ajouté sur le site du Centre Camille Jullian.

D'autant qu'elle "résiste à l’épreuve du temps", puisque ses vestiges sont incroyablement bien conservés : son cadre est en grande partie intact, tandis que des coutures sont encore visibles dans certaines zones. Les scientifiques ont également pu identifier avec quels bois (orme, aulne, sapin) le navire a été fabriqué. La datation des cernes de croissance, en cours, devrait permettre d'affiner son âge, en identifiant l'année la plus proche où les arbres ont été coupés (dendrochronologie).

Une extraction hors de l'eau des plus techniques

Il est rare qu'une épave soit extraite, en raison des coûts et des défis logistiques que cela nécessite. Dans certaines situations en outre, le site sous-marin sert de lieu de repos aux passagers qui ont péri dans le naufrage, de sorte que le navire est maintenu en place par respect. L'épave en décomposition d'Endurance, trois-mâts goélette de Ernest Shackleton, par exemple, a été maintenue en place à la demande de la petite-fille de l'explorateur britannique, qui souhaitait qu'elle reste en paix.

Dans le cas de Zambratija"manipuler des vestiges de cette trempe est une affaire délicate, chaque étape du processus nécessite les plus grandes précautions pour préserver ce navire d’exception", note le CNRS. Dès le 2 juillet, les scientifiques plongeront dans la baie pour prélever précautionneusement les pièces du bateau. Ces précieux fragments trouveront ensuite leur place dans un support personnalisé, ouvrant la voie à la création d'un modèle 3D, peut-être à sa reconstruction complète.

Plus encore, à travers cette entreprise ambitieuse, l'équipe franco-croate vise à pouvoir "dater plus précisément sa construction""identifier les fibres utilisées pour la couture" et "étudier les techniques employées pour le façonnage du bois". Une fois toutes les analyses achevées, l'épave et ses composants seront envoyés en Croatie pour l'étape du dessalement.

D'ici 2024, si tout se passe bien, le navire prendra la route (sur terre, cette fois) de Grenoble, pour passer entre les mains des spécialistes de l’atelier de restauration Arc-Nucléart. "Peau neuve", le Zambratija pourrait ensuite être exposé dans le futur musée dédié au patrimoine naval d’Istrie.

https://www.geo.fr/

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