Le S.S. Mesaba, un navire marchand qui naviguait non loin du Titanic le soir de son naufrage, avait prévenu par message "l'insubmersible" de la présence d'inquiétantes masses de glace sur son chemin. Coulé en 1918 par la marine allemande, son épave vient d'être retrouvée en mer d'Irlande.
Lorsque le Titanic traverse l’Atlantique nord, plusieurs navires, dont le SS Mesaba, l’avertissent : il s'apprête à traverser une zone de l’océan remplie de glace et d’icebergs.
Le soir du 14 avril 1912, l'équipage du navire marchand britannique S.S. Mesaba prévient le R.M.S. Titanic de la présence d’un dangereux iceberg sur sa route, au large de Terre-Neuve, dans l’Atlantique nord. Si le Titanic reçoit l’avertissement, tous comme ceux d’une dizaine d’autres navires envoyés plus tôt dans la journée (le Caronia, le Baltic, le Californian…), celui-ci ne parvient malheureusement jamais jusqu’à l’équipage. La suite de l’histoire, nous la connaissons : à 23h40 heure locale, le Titanic, supposé insubmersible, heurte un iceberg et sombre moins de trois heures plus tard, emportant avec lui dans les eaux gelées de cette partie du globe la vie de près de 1.500 passagers.
Cette nuit-là, le Mesaba a poursuivi son service, comme il le fera durant les six années suivantes jusqu'à ce qu'un sous-marin allemand le torpille en 1918, tuant 20 personnes à bord. Jusqu’ici, son épave, dont l’emplacement restait ignoré, n’avait jamais été retrouvée. C’est désormais chose faite : des chercheurs de l'Université de Bournemouth et de l'Université de Bangor, au Royaume-Uni, ont annoncé dans un communiqué avoir enfin découvert la carcasse du Mesaba au fond de la mer d’Irlande.
273 épaves identifiées
Le navire a été retrouvé grâce au sonar multifaisceaux - ou Multibeam Echosounder (MBES) -, une technologie employée en archéologie sous-marine depuis les années 1990 et qui permet de cartographier les fonds à l'aide d'ondes sonores, tout particulièrement dans les eaux à faible visibilité. Installés sur un navire de recherche baptisé Prince Madog, les scientifiques ont utilisé leur sonar d'une résolution de quelques décimètres (certains atteignent maintenant une résolution de 1 mm) pour identifier et scanner 273 épaves - dont des cargos, des sous-marins, des paquebots, des citernes, des chalutiers et d'autres navires - réparties sur plus de 12.000 kilomètres carrés en mer d'Irlande. Ils ont ensuite recoupé leurs découvertes avec les informations de la base de données des épaves du Bureau hydrographique du Royaume-Uni et d'autres sources. Parmi elles se trouvaient ainsi celle du Mesaba, et 101 n'étaient pas identifiées.
Crédits: Université de Bangor
Réaliser des signatures acoustiques des épaves depuis la surface
Devenue aujourd'hui une référence en hydrographie, qu'il s'agisse de patrimoine ou d'inspection pétrolière, le MBES reste un moyen de réaliser des signatures acoustiques des épaves depuis la surface, et donc à moindre frais. "Dans ces conditions, utiliser un MBES change la donne car il est possible de discerner si l'on est en présence d'un site en bois, d'un navire en métal ou même d'un simple écho naturel", explique Nicolas Vincent, ingénieur et directeur des opérations sous-marines pour le compte de Deep Ocean Search, une société spécialisée dans la recherche d'épaves en eau profonde. "Néanmoins, sans inspection visuelle réalisée par la suite, le nombre d'erreurs d'identification que l'on peut faire est élevé."