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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

12/10/2021 12:56 1231
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De nouvelles analyses ADN reviennent sur l’origine et l’héritage laissé par les Etrusques (10e-1er siècle av. J.C), la brillante civilisation qui a prospéré à l’Age du fer au centre de l’Italie.


Le Sarcophage des Epoux est une urne funéraire étrusque monumentale en terracotta, représentant deux époux allongés dans la pose du banquet étrusque (vers 520-510 av. J.-C)

Cerveteri, Tarquinia, Volterra… Autant de prestigieuses cités étrusques, de cette première grande civilisation de la péninsule italienne (800 à 50 av. J.C). Une civilisation très particulière qui s’est démarquée de ses contemporaines grâce à ses compétences métallurgiques remarquables, ses productions culturelles, et sa langue non indo-européenne aujourd'hui éteinte. De quoi susciter d'intenses débats depuis des siècles. Déjà dans l’Antiquité, la question de leurs origines tarabustait les grands esprits du temps. Et à la Renaissance, les érudits continuaient toujours à s’interroger sur cette culture brillante et raffinée, que Rome - sa grande rivale - avait fini par supplanter en l’assimilant après les guerres romano-étrusques (264 av.J.C). Mais d’où provenaient ces habitants ? Etaient-ils arrivés d’Orient, comme l’historien grec Hellanicos de Lesbos (5e siècle av.J.C) le racontait ? S’agissait-il de colons lydiens de la Grèce antique venus du sud-ouest de l’actuelle Turquie, autre hypothèse soutenue par l’historien Hérodote (5e siècle av.J.C) ? Etaient-ils des descendants des Rhètes, des populations des Alpes centrales italiennes ? Seul le Grec Denys d’Halicarnasse, au 1er siècle av. J.C, estimait que les Étrusques étaient une population qui avait simplement évolué sur place, issus des Villanoviens, peuples de l’Age du Bronze qui les avait précédés. Une explication qui semble d'ailleurs faire consensus parmi les archéologues actuels.

 

Art funéraire étrusque : un des musiciens de "La tombe des Léopards" située dans la nécropole de Monterozzi, proche de Tarquinia (Viterbe), en Italie. © Leemage /AFP

Depuis quelques années toutefois, la génétique essaie d’apporter des réponses plus précises. Ainsi, une publication parue dans la revue Science Advances livre les résultats d’une analyse génomique couvrant 2000 ans d’histoire, et ce, sur plusieurs régions d’Italie : la Toscane, la Basilicate et le Latium. Elle démarre par l’étude d’une première période s’étirant des débuts de l’Age du fer (vers 800 av. J.C) à l'orée de notre ère, quand évoluaient les Étrusques ; une deuxième, entre l’an 1 et 500 ap. J.C ; enfin, de 500 à 1000 ap. J.C. Effectuées sur la base d’un échantillonnage de 82 individus anciens collectés dans 12 sites archéologiques, ces analyses ont été réalisées à partir d’ADN extrait d’une portion de l’os temporal et de dents. Et les données obtenues seraient de nature à résoudre "les questions clés concernant les origines génétiques des groupes liés aux Étrusques, et leurs relations avec d’autres populations contemporaines et postérieures", affirment les auteurs de l’enquête dirigée par le célèbre paléogénéticien Johannes Krause, actuel directeur de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, à Iéna (Allemagne).

 

Carte de la péninsule italienne indiquant l'extension maximale des territoires étrusques et la localisation des sites archéologiques d'où proviennent les échantillons ADN analysés. © Max Planck Institute/ Johannes Krause / Sciences Advances

A l'Age du fer, les populations étrusques de l’Italie centrale étaient d’origine locale

Ces résultats révèlent en effet que "le pool génétique local est largement maintenu au cours du premier millénaire avant notre ère". Autrement dit, à l’Age du fer, les populations étrusques de l’Italie centrale étaient bien d’origine autochtone et formaient un groupe génétique homogène. Toujours selon ces travaux, "malgré les différences culturelles et linguistiques, les Étrusques portent bien un profil génétique partagé avec d’autres populations contemporaines voisines comme les Latins de Rome". Et les auteurs de conclure : "Contrairement à certaines hypothèses, le pool génétique étrusque ne semble pas provenir de mouvements de population en provenance du Proche-Orient". Ce qui revient à dire que le patrimoine génétique des Étrusques est resté stable pendant au moins 800 ans, de l'Age du fer à la période de la République romaine. Ces analyses contredisent des travaux publiés par une autre équipe en 2017. Celle-ci avait été menée à partir des ADN mitochondriaux (ADNmt) de membres de vieilles familles toscanes implantées depuis plusieurs générations dans des localités liées aux plus importantes métropoles étrusques telles que Murlo ou Volterra. Et les résultats semblaient montrer une relation avec des populations de l’actuelle Anatolie (Turquie), ce qui avait alors été interprété comme la preuve d'une origine proche-orientale des Étrusques.

 

Tête étrusque en bois du 7e siècle av. J.C, à l'origine couverte d'or, découverte à Vulci, dans la province de Viterbe, en Italie. © Luisa Ricciarini / Leemage /AFP

La publication de la revue Sciences Advances s’est également intéressée à d’autres époques pour ces mêmes régions. Résultat : une situation radicalement différente a pu être observée entre l'aube de notre ère et le 5e siècle. Ainsi, durant la période impériale romaine (1er siècle av.J.C-5e siècle ap.JC), 50% de la population étudiée indique que des mélanges ont eu lieu avec des populations de l’est de la Méditerranée qui comprenaient probablement des esclaves et des soldats déplacés au sein de l'Empire romain. "Ce changement génétique décrit clairement le rôle de l'Empire romain dans le déplacement à grande échelle des personnes, à une époque de mobilité socio-économique et géographique importante", explique Johannes Krause dans un communiqué de l'Institut Max-Planck. Plus tard, au Haut Moyen Age (500 et 1000 ap. J.C), après l’effondrement de l’Empire romain d’Occident en 476, des traces de migrations d’individus venus du nord de l’Europe –y compris associés au royaume lombard– sont également établies.

Enfin, d’autres résultats mettent en évidence un continuum génétique entre les populations du Haut Moyen Age et celles qui vivent actuellement dans ce qui correspond à la Toscane, la Basilicate et le Latium. Elles infèrent que le principal pool de gènes des habitants de l’Italie centrale et ceux de l’Italie du sud se serait formé il y a 1000 ans, suggérant que les événements historiques du premier millénaire de l'ère chrétienne ont eu un impact majeur sur les transformations génétiques d'une grande partie de la péninsule.

https://www.sciencesetavenir.fr/

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