Recto de la palette à fard dite de Narmer. On y voit un pharaon unificateur de l'Egypte représenté coiffé de la couronne blanche de Haute-Egypte terrassant ses ennemis.
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ÉPOQUE PRÉDYNASTIQUE (AVANT 3100*)
Dès le quatrième millénaire, les premières cités (Nagada, Hiérakonpolis ou Éléphantine) apparaissent dans la vallée du Nil, au sud du pays. Elles sont gouvernées par une élite qui développe un artisanat raffiné (vases, palettes à fard). En quelques centaines d’années, les peuples du Delta adoptent progressivement la même culture que ceux du Sud.
ÉPOQUE THINITE (3100-2700)
Vers 3100, le roi Narmer - appelé Ménès par les Grecs, et parfois identifié avec un roi nommé Aha - fonde la Ie dynastie, dite thinite, car il est sans doute originaire de This (Haute-Égypte). Pour la première fois, le pharaon règne sur les deux grandes régions du pays, la Haute-Égypte (vallée du Nil) et la Basse-Égypte (delta du fleuve), chacune ayant des divinités et des rites spécifiques. Cette souveraineté sur l’ensemble du territoire est symbolisée par le port de la double couronne. Abydos, où se trouve la nécropole royale, devient la capitale religieuse.
La politique et la religion
Sous la IIe dynastie apparaissent les grandes divinités comme Horus (dieu faucon assimilé au ciel ou au soleil) et Hathor (déesse du ciel et de l’amour), ou encore Min, le dieu de la fertilité et de la fécondité. De petits sanctuaires, essentiellement en brique crue, abritent un culte aux divinités.
A la jonction de la Haute-Egypte et de la Basse-Egypte, Memphis est fondée par Ménès (vraisemblablement Narmer) vers 3100. La cité deviendra le centre politique et économique de l’Égypte. Se met progressivement en place une administration centralisée et structurée qui peut expliquer la longévité (3000 ans !) de la royauté égyptienne.
La figure emblématique
Le roi Scorpion, souverain prédynastique, reste une énigme. On sait seulement que sa tombe, à Abydos, contient les premiers hiéroglyphes attestés. Deux siècles le séparent de Narmer, unificateur du pays.
Les sites et les monuments
Abydos, sur la rive ouest du Nil, est le lieu où sont inhumés les premiers pharaons, puis ceux de l’époque thinite - sauf les trois premiers rois de la IIe dynastie qui reposent à Saqqarah. Les tombes - comme celle de Narmer - sont creusées dans le sol et les murs tapissés de brique crue. On ignore à quoi ressemblaient les superstructures qui recouvraient ces premières sépultures.
Le Mastaba, un nouveau type de tombe, apparaît dès la fin de l’époque prédynastique. C’est une construction trapézoïdale, aux murs en briques de terre crue, recouvrant un caveau souterrain. Le premier est construit par le roi Aha (Ie dynastie) à Nagada, au sudest d’Abydos. Un tombeau qu’il destine à sa mère, lui-même se faisant enterrer à Abydos. Plus tard, sous la IIe dynastie, après la fondation de Memphis par Narmer, des mastabas sont également érigés à Saqqarah, sur le plateau désertique qui domine la ville. Ces constructions ne se généraliseront pour les dignitaires que plus tard, à l’Ancien Empire.
Les trésors artistiques
La pierre de Palerme (Ve dynastie), en basalte noir, dont un fragment est entré au musée de Palerme (Sicile) en 1877, est une dalle gravée rapportant des annales royales. Elles mentionnent les événements marquants du règne des monarques jusqu’en 2470 environ. On peut y lire des informations relatives à la hauteur des crues du Nil, au prélèvement des taxes ou encore à la construction de temples.
La palette de Narmer, palette à fard historiée haute de 63 centimètres découverte dans un sanctuaire de Hiérakonpolis (vers 3000), constitue le premier témoignage de l’unification de l’Égypte. Le pharaon y est représenté coiffé au recto de la couronne blanche de la Haute-Égypte au verso de celle, rouge, de la Basse-Égypte, signe que son autorité s’étend sur l’ensemble du pays. On le voit par ailleurs terrasser ses ennemis. S’agit-il de combats réels qui auraient présidé au rassemblement des deux Égypte, ou de luttes symboliques ? La question reste posée.
Les arts et les techniques
L'écriture hiéroglyphique vers 3300, à peu près à la même époque que l’écriture sumérienne en Mésopotamie. Les plus anciens hiéroglyphes (du grec "gravure sacrée") proviennent d’Abydos (tombe U-j).
L’artisanat pro-dynastique se développe durant les cultures de Nagada (3800-3100). Les artisans produisent des têtes de massue, des palettes à fard et des poteries colorées, puis des vases en céramique à motifs géométriques ou figuratifs ainsi que des ivoires sculptés.
L’architecture monumentale en brique crue naît à l’époque thinite. Grâce à elle sont édifiés des villes, palais et tombeaux comme ceux de Saqqarah, la plus grande nécropole du pays dès cette époque… et jusqu’à la fin de l’histoire égyptienne.
L’Egypte et ses voisins
À l’époque prédynastique, le commerce avec la Palestine est attesté par des jarres à vin importées de cette région et retrouvées dans les tombes d’Abydos.
*Toutes les dates mentionnées dans cet article sont antérieures à l'ère chrétienne.
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