Les Vietnamiens d'antan avaient leur manière de porter des bijoux pour affirmer leur position sociale. Un bouton en forme de fleur de chrysanthème posé sur la poitrine montrait par exemple la noblesse.
Un bouton en forme de chrysanthème.Photo : TN/CVN
Depuis l’époque féodale, les Vietnamiens considèrent la tête, le cou et la poitrine comme des parties importantes du corps sur lesquelles doivent être mis en exergue des bijoux ou des décorations d’honneur. C’est pourquoi, outre le costume qui doit être bien soigné, intégrant des broderies sophistiquées, les accessoires comme les boutons épingles, les colliers et les pendentifs, tiennent une place tout aussi importante.
Grâce aux découvertes archéologiques, beaucoup des types de bijoux appartenant aux différentes civilisations ayant existé sur le sol vietnamien, ont pu être identifiés. La plupart d’entre eux étaient fabriqués à partir de pierres précieuses, d’or et d’argent. Les sculptures ou gravures sur le dessus abordent généralement des sujets spirituels. Néanmoins, ces bijoux d’honneur ont été très mal préservés. Un rare ensemble d’accessoires d’une concubine du seigneur Nguyên Phúc Khoát (1738-1765) est actuellement conservé au Musée national d’histoire.
Bouton en forme de fleur de chrysanthème
Les recherches ont montré qu’existait un bijou très spécial que portaient au cou ou devant la poitrine les personnes de haut rang dans la société féodale : un bouton épingle en forme de fleur de chrysanthème. Alors que ce type d’accessoire d’honneur est facile à trouver dans les archives d’images ou sur les statues que l’on a retrouvées, il n’existe qu’un seul exemplaire en or de la dynastie des Nguyên (1802-1945) conservé par le Musée des antiquités royales de Huê (province de Thua Thiên-Huê, au Centre). C’est un bouton avec deux phénix stylisés entourant une fleur de chrysanthème dont le pistil est une pierre, le tout symbolisant le soleil.
Bouton en forme de chrysanthème observé dans la peinture du maître zen Nguyên Minh Không et la photo de la reine Nam Phuong.Photo : TN/CVN
Un même type de bijou d’honneur a été observé sur la statue d’une femme de noblesse datant du XVe siècle, à l’époque des Lê postérieurs. Cette statue de céramique à fleurs bleues, conservée au Musée national de l’histoire, montre une femme avec un bouton de forme de chrysanthème servant à attacher le col du costume. On trouve également un autre sur la statue de l’empereur Mac Dang Dung (1483-1541) datant du XVIe siècle, conservée dans la pagode Trà Phuong de la ville de Hai Phong (Nord).
En observant une peinture (réalisée entre 1558 et 1786) représentant le maître zen Nguyên Minh Không (1073-1141) suspendue dans le temple de Thanh Nguyên (province de Ninh Binh, au Nord), et une photo de la reine Nam Phuong (1914-1963), prise le 21 mars 1934, le jour de son mariage, on voit également sur leurs costumes un bouton en forme de chrysanthème attaché au niveau de la poitrine.
Ainsi, du XVe siècle jusqu’au début du XXe, ce type de bouton épingle est resté attaché comme bijou d’honneur sur les costumes rituels des rois,des reines ou des dignitaires de haut rang.
Kim Lôc - Linh Thao/CV