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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

02/08/2021 17:04 1744
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L’expression "bút nghiên" (pinceau et écritoire) désigne par métaphore les études traditionnelles, la carrière du lettré. On écrivait les idéogrammes en trempant le pinceau dans une écritoire. Hành Thiên est le village du Pinceau et de l’Écritoire par excellence.


Le village de Hành Thiên dans la province de Nam Dinh, au Nord.

Situé dans la province de Nam Dinh (Nord), à une centaine de kilomètres au sud de Hanoï, Hành Thiên s’était distingué, avec Cô Am de Hai Duong, par le chiffre record de lauréats aux concours triennaux basés sur les humanités sino-vietnamiennes. Un ancien proverbe disait à ce sujet : "Dông Cô Am, Nam Hành Thiên" (Cô Am au Pays de l’Est, Hành Thiên au Pays du Sud, les deux champions).

Voici quelques chiffres à l’appui. Dans le passé, Hành Thiên a enregistré sept docteurs, 92 licenciés et 210 bacheliers. Sous la dynastie des Nguyên (XIXe siècle-1945), Hành Thiên avait 88 docteurs et licenciés, Cô Am en avait 18, Dông Ngac (Hà Dông) 42. Ces chiffres sont impressionnants à l’échelle nationale si l’on sait que depuis l’institution des concours triennaux pour recruter les mandarins (1075) jusqu’à leur suppression par l’administration coloniale (1918), des milliers de villages ne pourraient se targuer d’un simple bachelier.

Les gens de Hành Thiên expliquent l’immense succès de leurs aïeux aux concours triennaux par la géomancie, science des influences terrestres (dia lý) ou des lois naturelles (phong thuy = vent et eau) dont le but est de déterminer le choix d’un site favorable aux souffles vitaux fastes pour la construction (maison, village) et pour l’inhumation (tombeau).

Le site de Hành Thiên, entouré de toutes parts par les eaux du canal Bùi Chu, évoque la forme d’une carpe. Selon la mythologie sino-vietnamienne, la carpe qui aura franchi la gorge de Vu Môn deviendra dragon. Cette métaphore désigne la réussite au concours mandarinal. La tête du poisson se trouve à l’extrémité du village. Son œil est représenté par un puits près du marché. Ce puits est tabou. Si quelqu’un trouble son eau, tout le village souffrira de la conjonctivite. Le nombril du poisson est une cavité à l’autre bout du village, si quelqu’un y touche, il y aura une fille-mère dans la localité.

Village-Carpe

 

Pinceau et écritoire forment le symbole de la littérature, de la culture et des concours mandarinaux.

Au sud du village, une pépinière rizicole présente la forme d’une écritoire, tandis qu’à l’est, un lopin de terre allongé évoque un pinceau. Pinceau, écritoire, carpe, tous les augures ne prédestinent-ils pas Hành Thiên à une carrière littéraire ? De nombreux lettrés patriotes d’une grande intégrité morale font aussi la gloire du Village-Carpe. Au temps de la conquête française, plus d’un parmi eux participèrent au mouvement de résistance Cân Vuong (Servir le roi). Dang Tu Mâu et Dang Huu Bang étudièrent au Japon dans le cadre du combat mené par le prestigieux leader Phan Bôi Châu. Dang Kinh Luân créa à Hanoï le Dông Kinh nghia thuc (École libre de la Capitale de l’Est) en vue d’inculquer aux jeunes un nationalisme moderne. Nguyên Thê Truyên, ingénieur chimiste formé en France, enflamma le peuple opprimé en donnant au bac de Tân Dê une gifle sonore à un mandarin arrogant au service des Français.

C’est la conscience collective de Hành Thiên qui a créé et maintenu les traditions "du pinceau et de l’écritoire". Le village célébrait chaque année beaucoup de cérémonies et fêtes populaires. Nombreuses étaient les activités des sociétés culturelles (clubs de poésie, de musique nationale, de musique moderne…). Le Docteur Dang Vu Lac a établi avec ses co-villageois un Fonds d’encouragement aux études : on achetait des rizières dont le revenu alimentait les bourses accordées aux élèves pauvres. Grâce à cette aide, le fils d’un marchand d’huile ambulant a pu devenir un docteur célèbre. Point n’est étonnant que les maîtres faisaient l’objet d’une véritable vénération. Les parents d’élèves pourvoyaient à l’entretien de la famille du maître qui n’acceptait pas de rémunération. Les anciens élèves, au sein des associations de disciples, continuaient à soigner leurs maîtres.

Ce lien affectif entre maître et élèves se maintient jusqu’à ce jour. Depuis la fin de la guerre, j’ai reçu plus d’une lettre émouvante de mes anciens élèves originaires de Hành Thiên et établis en Amérique, en Australie, en France.


 Huu Ngoc/CVN

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