Il est Lam Phong - un spécialiste de première classe sur les objets antiques, un cadre du musée provincial, muté pour devenir un marchand d’objets antiques. Il a des activités et des idées proches du marché d’objets antiques vietnamiens. Ses opinions sont d’un grand recours pour l’ouverture du marché d’objets antiques vietnamiens. Reporter. Pouvez-vous parler du marché d’antiquités de Chine en général, de Kuangsi en particulier?
Lam Phong. C’est un marché en forme de sinusoide. Avant 1978, le marché chinois est semi-officiel. Après 1978, la loi reconnait que les antiquités sont une sorte de marchandises spéciales, et doivent avoir, suivant la loi, un marché. A partir de ce moment, Kuangsi en particulier et la Chine en général est assez bouillant dans cette activité. Néanmoins, pour freiner le développement trop chaud de cette activité, l’Etat met au monde les magasins du commerce des antiquités dont le précédent est la Compagnie générale des Objets Culturels (de courte existence). Avec cette sorte de magasins, l’Etat espère conditionner le marché, renforcer la gestion, le magasin a pour rôle principal d’acheter des objets de la population pour fournir au musée. Seuls les objets de date récente, de qualité médiocre, d’usage courant, sont autorisés à être vendus pour animer le magasin. Néanmoins, ce n’est pas la formule commune à toute la Chine. Au 28 - 10 - 2002, une nouvelle loi entre en vigueur reconnaissant l’existence d’un marché libre d’antiquités, avec la conséquence que le marché d’antiquités chinois en général, de Kuangsi en particulier, se développe chaudement, avec désordre, de sorte que le modèle de magasin d’état ne peut plus régulariser et le marché se développe en dépassant la politique de l’état.
Reporter. S’ils ne peuvent plus conditionner, pourquoi les magsins d’état continuent-ils d’exister et de se développer?
Lam Phong. Ils existent mais sont beaucoup affaiblis. Ils n’ont plus de monopoles, n’ont plus la force de concurrencer avec toute sorte de composante de ce marché, par la faiblesse des potentialités économiques, par la faiblesse de la capacités des cadres, par leur organisation encombrante, par leurs mécanismes non appropriés. Nos magasins suivent toujours le modèle de magasin d’état à revenu. L’existence de ce genre de magasin est malgré tout utile au marché d’antiquités. Il ne se développe nullement, mais au contraire est en recul par rapport à la situation d’avant Octobre 2002.
Reporter. Alors, en laissant subsister le modèle de magasin d’état, vous êtes en butte à de nombreuses difficultés?
Lam Phong. C’est vrai. D’abord du point de vue financier. Des fois, des magasins ont dû suivre le marché et ont entrainé des circonstances fâcheuses, influençant la protection et la gestion des vestiges culturels du pays.
Reporter. La loi chinoise stipule que les objets antiques de moins de 100 ans d’âge peuvent être exportés, ceux de plus de 100 ans d’âge n’ont pas ce droit. Donc ce commerce reste dans les limites de la loi, si actif soit-il. Cela veut dire que les objets antiques ne sortent pas du pays et restent dans les mains des collectionneurs.
Lam Phong. Justement. Mais un marché bouillant excite l’excavation, excite les vols des objets antiques dans les vestiges. Les grands riches, ayant des collections, ne sont toujours pas des représentants de l’état. Si riches soient-ils, ils ne représentent pas la physionomie culturelle du pays. Le libre développement des collections privées est une manifestation malsaine de la culture. Je pense que la naissance de la nouvelle loi, détruit le patrimoine culturel, et qu’on ne peut pas prévoir le niveau de cette destruction d’ici 100 ans.
Reporter Pouvez-vous nous donner le nombre de collectionneurs à Kuangsi et dans les provinces du Sud de la Chine.
Lam Phong Nous avons des normes déterminées pour les vrais collectionneurs. Ils doivent avoir de la technique et des connaissances déterminées sur le domaine de leur collection. Ce ne sont pas des commerçants professionnels, quoiqu’ils procèdent à des échanges. Ils possèdent des collections nombreuses et de haute qualité. A Kuangsi, ils sont au nombre d’environ 30. et de 300 à Jiangsi. Si on élargit les normes, ce nombre est de 3000 à Kuangsi et de dizaine de milliers à Jiangsi.
Reporter Parmi ces milliers et dizaines de milliers, y-a-t-il de ceux qui collectionnent de faux objets antiques sans le savoir?
Lam Phong Il y en a. Beaucoup. Ils dépensent de millions de dollars chinois pour acheter des objets factices. Or, les objets factices en Chine sont vraiment super. Les richesses se déversent dans un tas d’”objets antiques” qu’ils croient être l’une des trois marchandises super-bénéfice. C’est aussi une terrible destruction pour l’économie: cet argent, s’il est investi dans d’autres domaines, aurait rapporté tant de bénéfice au peuple.
Reporter Avez-vous des recommandations au marché des antiquités du Vietnam?
Lam Phong Le Vietnam est un petit pays, la gestion des antiquités et de leur marché est beaucoup moins compliqué qu’en Chine. Le Vietnam peut apprendre la leçon de ceux qui viennent avant et aura l’avantage de celui qui vient après. Néanmoins, avant de décider d’ouvrir le marché des antiquités sous la gestion de l’état, il faut réfléchir longuement. D’après moi, le Vietnam doit ouvrir deux portes d’essai aux deux grandes villes: Hanoi et HochiMinhville. Il doit inviter des spécialistes expérimentés de la Russie, de la Grande Bretagne, de la Chine pour leur servir de conseillers pour pouvoir fureter tous les coins et recoins de ce domaine. Il faut utiliser les spécialistes pendant 4 ou 5 ans avant de pouvoir marcher seul.
Les magasins doivent coexister avec les magasins privés. Mais les magasins d’état doivent être les dirigeants et doivent pouvoir gérer les magasins privés. Pour cela, les magasins d’état doivent pouvoir former les forces jeunes, hautement qualifiées, financièrement fortes, pouvant diriger les forces privées. Il faut installer un bon corridor juridique. C’est ainsi que nous pouvons garder les antiquités pour les musées, pour l’état, que nous pouvons garder sain le marché des antiquités, qui comporte de nombreuses forces “cachées” et “noires”.
Etant un cadre des musées, je pense constamment à faire de telle sorte que toutes les activités du marché d’antiquités aient pour but de sauvegarder les antiquités pour le pays pour les fournir aux musées. Avec une telle pensée et agissant suivant cette morale, je suis un “homme d’affaires” non réussi.
Reporter Merci de la séance de conversation intéressante et utile.
Pham Quoc Quan