Quelque part aux environs de Hanoi, circulent encore dans la population des noms portant la trace des boisseaux de soldats , comme le tronçon de digue de la route La Thanh (au croisement des rues Lang Ha et La Thanh). Sur le terrain il ne reste plus aucune trace mais la population du village de Giang Vo, surtout les vieilles gens, parlent encore des Boisseaux de soldats.
Tout le monde comprend que c’est un mur en terre battue plus haut qu’un homme. On rapporte que, jadis, en recrutant une armée, on fait entrer les soldats plein l’enceinte et on en compte le nombre. On n’a qu’à multiplier ce nombre avec le nombre de fois qu’on remplit le boisseau de soldats pour savoir le nombre de soldats qu’on a recrutés.
Evidemment ce n’est qu’une anecdote de la population, car les soldats peuvent être en rangs plus ou moins serrés, ce qui donne des résultats différents. On peut voir que cette anecdote n’a pas de base scientifique.
Un boisseau de soldats laisse encore des traces. C’est le tronçon de la route de Lang croisant la rue Doi Can, tout près de la route allant vers la rivière To Lich (qui était le fossé extérieur de La Thanh) pour arriver au Musée d’Ethnologie.
C’est ici la porte de l’ouest de La Thanh. De l’autre côté est le territoire de la commune de Doai Môn. La commune de Doai Môn n’existe plus en tant qu’unité administrative. La population s’est transférée ailleurs pour laisser la place à la construction de la ville mais beaucoup se souviennent encore de leur commune de Doai Môn.
A l’extérieur de Doai Môn, on a construit une muraille nommée Ung Thanh. C’est une muraille barrant la porte principale, pratiquant une porte latérale. Pour entrer dans la citadelle, il faut passer par la porte latérale, puis tourner 90o pour entrer dans la citadelle. Ainsi, la fonction principale de Ung Thanh est de ne pas laisser les gens entrer directement dans la citadelle.
La disposition de Ung Thanh suit la technique de construction des Chinois de la dynastie des Han. Le livre
Viet su luoc note :” Bien (Cao Bien) reconstruit la muraille La Thanh, au périmètre de 1980 truong 5 thuoc (6139m), haute de 2 truong 6 thuoc (8,04m), entourée d’une muraille basse de 5 thuoc 5 tac (1,70m) de hauteur, avec 55 tours de garde, 5 tours dessus les portes, 6 Ung Mon (petite porte latérale), creusé 5 fosses d’eau, pratiqué 34 routes…” Ung Mon n’est peut-être pas tout à fait petite porte latérale, mais ce paragraphe montre que Cao Bien a fait construire des Ung Thanh. On ne sait pas où sont les 6 Ung Thanh, un seul reste, appartenant jadis à la commune de Doai Môn, ayant un pont jeté à travers la rivière Tô Lich pour aller au pays Doai.
En 9-2002, le Musée d’Histoire du Vietnam a étudié et trouvé que les dimensions actuelle de Ung Thanh est de 52m×54m, presque carré, avec une surface pavée de briques massives, une sorte de matériau caractéristique du temps des Lê postérieurs (15e -18e siècles). Il est possible que le mur de Ung Thanh soit construit de briques massives à l’extérieur, rempli de terre à l’intérieur et dure jusqu’au temps des Lê postérieurs. Autrement dit, le côté ouest de La Thanh de Cao Bien appartient justement au La Thanh de Dông Dô des Lê. La route actuelle partant de Ung Thanh est justement la route ancienne menant de Dông Dô aux pays Doai. Ce n’est qu’une hypothèse et il reste encore beaucoup de points à éclaircir.
Récemment, une nouvelle assez alarmante fait savoir que le Service de Construction de Hanoi compte construire un solide pont à travers la rivière Tô Lich et réparer le chemin menant au pont. D’après les bornes fixées, toute la muraille de Ung Thanh sera aplanie.
Devant cette situation, le Musée d’Histoire du Vietnam et le Service de Culture et d’Information ont organisé des réunions pour demander l’avis des scientifiques et des administrateurs pour conserver et rehausser la valeur du site. Tous sont d’accord qu’il ne reste plus qu’un seul vestige Ung Thanh, qu’il faut protéger à temps devant les planifications modernes. Le site doit être étudié archéologiquement pour donner des estimations objectives et scientifiques sur l’âge, l’envergure, le rôle fonctionnel et les problèmes historiques s’y rattachant.
Nguyên Van Doan