Les anciennes céramiques vietnamiennes sont présentes dans de nombreux pays du monde. Elles sont essentiellement amenées à l’étranger par les collectionneurs ou des musées étrangers, à travers les activités légales et illégales d’achat et de vente d’antiquités au cours des 50 dernières années. Néanmoins, les céramiques vietnamiennes au Japon ont des traits différents. Ce sont des objets en céramique fouillés aux sites archéologiques au Japon et des objets achetés par des nobles et des marchands japonais pour qu’ils en utilisent dans la cérémonie du thé japonaise du XIVe au XVIIe siècle.

Cruche en céramique bleu de Chu Dau, au 15e siècle, fouillée au site de Nakijin, préfecture d’Okinawa.
Les céramiques vietnamiennes découvertes dans les sites archéologiques au Japon
En 2013, en réalisant le projet de recherche “Les relations entre le Đàng Trong du Vietnam et le Japon du VIIIe au XVIIIe siècle” financé par le fonds Sumitomo, je suis passé aux centres de recherche archéologiques et aux sites archéologiques dans de plusieurs villes du Japon comme Sakai (préfecture d’Osaka), Naha (préfecture d’Okinawa), Dazaifu (préfecture de Fukuoka), Nagasaki (préfecture de Nagasaki), Machida (capitale Tokyo), pour rechercher des céramiques vietnamiennes découvertes dans ces régions. En conséquence, mes collègues japonais et moi ont identifié de nombreux objets en céramique du Vietnam (y compris le Đàng Trong et le Đàng Ngoài) et des céramiques du Champa, datant du XIVe au XVIIe siècles, trouvés aux sites archéologiques qui sont des anciens ports commerciaux et anciennes citadelles au Japon. En outre, depuis 1995 jusqu’ici, les deux archéologues japonais Nishimura Masatoshi (mort en 2013) et Nishino Noriko sont quasiment venus aux sites où des céramiques vietnamiennes au Japon y sont découvertes, pour étudier les anciennes céramiques vietnamiennes au Japon. Mes résultats de recherches et ceux du couple Nishimura – Nishino sur les anciennes céramiques vietnamiennes au Japon peuvent être résumés comme suit:
- Du milieu du XIVe siècle à la fin du XIVe siècle, la poterie vietnamienne a été introduite au Japon par la “voie” Wako (les pirates), cela signifie que les pirates japonais s’emparent des marchandises des bateaux commerciaux (dans les quels il y a des céramiques vietnamiennes) et ils les emportent au Japon. Dans les sites à Hakata, Dazaifu, Iki, Tsushima, Osaka, Hiroshima, les archéologues japonais ont découvert de nombreux objets en céramique datant de la seconde moitié du XIVe siècle, ce sont principalement des céramiques en émail blanc, brun, des céramiques céladons, des céramiques en émail blanc et bleu, datant de la dynastie des Tran, semblable aux céramiques découvertes au site de Kim Lan (Gia Lam, Hanoi) et au celles à la citadelle de la dynastie des Ho (Thanh Hoa).
Au début du XVe siècle, la céramique vietnamien commence à être introduite au Japon par la voie des échanges de marchandises. À Hakata, on a découvert des céramiques vietnamiennes datant du début du XVe siècle, essentiellement des céramiques céladon de la dynastie des Tran. En outre, au début du XVe siècle, le royaume de Ryukyu (Luu Cau, actuellement la préfecture d’Okinawa) et Satsuma (actuellement la préfecture de Kagoshima) ont eu des relations commerciales avec le Vietnam, par conséquent, la céramique vietnamienne commence à être introduite dans ces lieux. Des céramiques vietnamiennes découvertes à Olinawa et à Kagoshima sont principalement des objets en céramique émaillée blanche, des céramiques céladon, datant de la première moitié du XVe siècle. À Sakai, outre des céramiques vietnamiennes provenant du Đàng Ngoài, il y a des céramiques du Champa datant du XVe siècle. Des céramiques à émail blanc et bleu et céramiques blanches en trois couleurs au four de Chu Dau (province de Hai Duong), ainsi que des céramiques céladon, céramiques émaillées blanches et bruns de l’ancienne céramique Go Sanh (province de Binh Dinh), datées de la fin du XVe au début du XVIe siècle, ont également découvertes aux sites à Sakai.

Collection des céramiques de Hop Le, au 15e siècle, objets du centre d’archéologie de la ville de Nagasaki

Bol en céramique émaillée verte, sculpté de motifs des pétales de lotus, au 14e siècle, objet du Musée de la ville de Machida.
- Les céramiques vietnamiennes datant de la première moitié du XVIe sièle sont découvertes aux sites à Sakai, Oita, Nagasaki, Kagoshima, etc, essentiellement des céramiques émaillées blanches et bleues, à l’origine du Nord du Vietnam. Plusieurs objets en céramique à émail blanc sculptés datés d’environ au XVIe siècle, qui sont découverts dans la préfecture d’Oita, pendant que de nombreux objets en céramique à émail blanc et bleu de Chu Dau et de Hop Le (Hai Duong) et des céramiques de Go Sanh datant de la seconde moitié du XVIe siècle sont découverts à Sakai. À la fin du XVIe siècle, plusieurs objets en céramique à émail blanc et bleu de Hop Le continuent à être importés à Osaka, Sakai et Nagasaki, tandis que des céramiques à émail blanc de Bat Trang apparaissait dans les sites à Oita.
- Au 17e siècle, les céramiques à émail blanc et bleu des fours à Chu Dau, Hop Le, Bat Trang, qui sont continûment introduites au Japon, sont découvertes aux sites à Nagasaki, Fukuoka, Tokyo, Hakata. En outre, des céramiques crues sans émail du four de Phuoc Tich (province de Thua Thien Hue) datant du XVIIe siècle, sont découvertes à Nagasaki et à Fukuoka.
Depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, en raison de la politique “fermeture du pays” du fouvernement japonais, alors, les navires commerciaux du Japon n’étaient pas autorisés à faire du commerce avec l’étranger. La quantité de céramiques vietnamiennes importée au Japon a de plus en plus diminué et jusqu’au XVIIIe siècle, l’importation de céramiques vietnamiennes est complètement terminée.
* La voie d’importation des céramiques vietnamiennes vers le Japon
Selon les études du docteur Nishino Noriko publiées lors du séminaire “l’histoire et la perspective des relations entre le Vietnam et le Japon. Vue à partir du Centre du Vietnam” à Da Nang, à la fin novembre 2013, la voie d’importation de céramiques vietnamiennes au Japon a traversé quatre période: Ière période, du XIVe au début du XXe siècle, à travers la voie “les pirates” Wako; IIe période, du XVe siècle au XVIe siècle, à travers la voie commerciale avec Ryukyu et Kagoshima; la IIIe période est débutée de la seconde moitié du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, à travers la voie Shuin-sen, les navires japonais ont fait des échanges commerciaux directement avec le Vietnam; La IVe période se déroulait dans la seconde moitié du XVIIe siècle, lors que le Japon appliqua la politique “Fermeture du pays”, les céramiques vietnamiennes étaient introduites au Japon par des navires commerciaux chinois ou néerlandais.
Pendant les quatre périodes en dessus, la période Shuin-sen où le Japon a importé le plus grand nombre de céramiques vietnamiennes, parce que la céramique japonaise avant le XVIIe siècle ne répondait pas encore à la qualité et à l’esthétique que la céramique vietnamienne. Par conséquent, les japonais ont acheté de nombreuses céramiques vietnamiennes, non seulement dans le but de les utiliser, mais aussi ils peuvent apprendre des techniques de fabrication de céramique des vietnamiens. Selon le professeur Hasebe Gakuji, l’expert japonais en céramique estime que “Les navires japonais Shuinsen venaient au Vietnam pour acheter de la soie écrue, des articles en soie, des aromates, des marchandises, surtout des céramiques vietnamiennes. Cela peut être prouvé par de nombreuses reliques intactes conservées actuellement au Japon… Le type de céramique vietnamienne typique conservé actuellement au Japon se compose des bols à émail bleu, trésors de la famille du général Tokugawa. Le deuxième type de céramique populaire se compose des tasses à thé “An Nam hong” de la famille Owari Tokugawa”. Il a également afrimé “il existe de précieux documents qui peuvent déterminer la voie d’importation de céramiques vietnamiennes vers le Japon: Au début de l’époque de Shuinsen, le commerce prospérait, de nombreux japonais venaient à Hoi An et y restaient, dans lesquels il y a la famille Osawa Shirozaemon. Cette famille conserve actuellement certaines sortes de céramiques vietnamiennes” (Hasebe Gakuji, “se renseigner sur les relations vietnamiennes- japonnaises à travers la céramique”, ancienne ville de Hoi An, KHXH, Hanoi, 1991).
* La cérémonie du thé japonaise et la céramique du Vietnam.
Les japonais achètent des céramiques vietnamiennes pour les utiliser dans la cérémonie du thé. Dans le livre Tra hoi ky, à partir de la fin du XIVe siècle, les japonais ont utilisé des céramiques vietnamiennes dans la cérémonie du thé. Ils ont appelé ces articles Nanban Shimamono (si la céramique) et An Nam (si la porcelaine)

Théière en céramique à émail blanc, sculptée des motifs de chrysanthème, au XIXe siècle, objet du Musée de la ville de Machida.

Assiette en céramique de Chu Dau, décore la licorne, aux XVe-XVIe siècles, objet du Musée de la ville de Machida.

Kendi en céramique bleu, au XVe siècle, objet du Musée des Beaux-Arts de la Fukuoka.
Au cours des premières périodes, les japonais achètaient des céramiques vietnamiennes pour les utiliser comme des accessoires dans la cérémonie du thé tels que la vase de fleurs, le théière, etc. Mais à la troisième période, les japonais ont “commandé” des objets en céramique de grande qualité, selon des motifs et styles japonais pour servir la cérémonie du thé. Dans l’histoire, une femme japonaise nommée Chiyo (1671 - 1741), fille du marchand Wada Rizaemon a épousé un potier à Bat Trang (Vietnam). Cela prouve que Wada Rizaemon a directement vendu des céramiques vietnamiennes au Japon. La première moitié du XVIIe siècle était une époque où des navires commerciaux japonais ont mené des activités commerciaux très actives au Vietnam. Et l’article préféré des marchands Shuinsen était la céramique. C’est pourquoi, la céramique vietnamienne apparaît beaucoup au Japon, il y a plus de 500 ans.
Tran Duc Anh Son (texte)