La restauration de la plus petite des trois grandes pyramides de Gizeh, orchestrée par le ministère des Antiquités, n’aura finalement pas lieu après l'étude du projet par un comité d'experts.
Au premier plan, derrière les trois petites pyramides, celle de Mykérinos.
C'est bien acté : Mykérinos, la plus petite des trois grandes pyramides de Gizeh, ne fera pas l’objet d’une restauration. "Le comité d'examen de la pyramide de Mykérinos (formé par le ministère égyptien du Tourisme, ndlr) s'est opposé à l'unanimité à la réinstallation des blocs de granit, dispersés autour de la base de la pyramide depuis des milliers d'années", a-t-il été annoncé dans un communiqué le 15 février 2024.
La fouille des fosses à bateaux de la pyramide de Mykérinos, prévue dans le projet, a toutefois été maintenue, bien qu'elle doive obligatoirement déboucher sur une "étude scientifique claire et détaillée".
Une restauration qualifiée de "projet du siècle”
Fin janvier 2024, l’étonnante décision des autorités égyptiennes de restaurer les blocs de granit qui recouvraient autrefois le monument avait suscité une vive inquiétude chez les scientifiques. Alors que le secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, Mostafa Waziri, avait publié une vidéo montrant des travailleurs alignant des blocs de granit sur la base de l'édifice pyramidal, de nombreux égyptologues et Égyptiens s'étaient en effet insurgés, dénonçant une attaque contre le patrimoine et appelant l'Unesco et les universitaires à se mobiliser.
Une semaine plus tard, le ministère égyptien des Antiquités avait fini par annoncer la formation d’un comité d’étude composé d'experts en ingénierie et en archéologie égyptiens pour réévaluer l’initiative, jusqu’ici présentée comme "le projet du siècle". Ce "comité scientifique de haut niveau présidé par Zahi Hawass", ancien ministre des Antiquités et sulfureux égyptologue, allait étudier ce projet de rénovation "avec des experts en ingénierie et en archéologie égyptiens, américains, tchèques et allemands". Le verdict a ainsi été rendu.
La pyramide de Khéops, seule des 7 merveilles de l'Antiquité encore visible
À sa construction, la base de la pyramide de Mykérinos était recouverte de granit disparu avec le temps. Le projet en cours visait ainsi à restaurer cette couche de granit afin de restituer à la pyramide son aspect d'origine. La question de la préservation du patrimoine en Égypte - qui abrite la pyramide de Khéops, la seule des sept merveilles de l'Antiquité encore visible aujourd'hui - fait souvent l'objet de vifs débats.
Les destructions récentes de pans entiers du Caire historique ont fortement mobilisé une société civile quasiment interdite d'activité politique et qui concentre désormais le gros de son combat contre le régime sur les terrains de l'urbanisme et du patrimoine.