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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

12/01/2024 15:32 975
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Un précieux bas-relief en marbre provenant de Pompéi a été retrouvé dans la maison d'un particulier en Belgique. Il avait disparu depuis 50 ans. ©Unsplash/ Andy HolmeS

Un bas-relief dérobé à Pompéi en 1975 a été retrouvé chez un particulier en Belgique. Pendant toutes ces années, l'artéfact était encastré dans le mur de ses escaliers, à la vue de tous.

Découverte fortuite d’un trésor chez soi ou tentative de recel d’un trésor volé sur le site de Pompéi (Italie) ? L’histoire du bas-relief en marbre retrouvé dans le domicile du Belge Geert De Temmerman, à Herzele (à l’ouest de Bruxelles), semble plutôt correspondre au deuxième cas. Ces dernières semaines, l’affaire a fait couler beaucoup d’encre chez les médias flamands et français. Comment ce précieux bas-relief a-t-il atterri chez un particulier ? Pourquoi est-ce une œuvre essentielle dans l’histoire de Pompéi ? Et, surtout, que va-t-elle devenir ? Pour répondre à toutes ces questions, « Connaissance des Arts » a contacté Bart Demarsin, archéologue et responsable du département des expositions du musée gallo-romain de Tongres, qui a été parmi les premiers à alerter les autorités sur cet objet vole.

Un étrange e-maiL

Tout commence il y a quelques mois. « Fin octobre, nous avons reçu un e-mail de Geert De Temmerman avec trois photos et quelques informations sur un objet rapporté de Pompéi il y a longtemps après une visite. Il vendait la maison de son père et possédait un bas-relief dans un mur. C’était une manière pour eux de le vendre et voir si le musée était intéressé », nous explique l’archéologue. En regardant les photos envoyées, Bart Demarsin semble reconnaître l’œuvre, qui lui rappelle une exposition passée à Rome. Après une recherche en ligne, le spécialiste et l’équipe du musée s’aperçoivent qu’une plaque en marbre similaire a été volée en juillet 1975 à Pompéi. « On a retrouvé plusieurs articles de presse dans les archives et beaucoup d’images et de photos avant le vol pour comparer. Nous savions donc qu’il s’agissait de l’original », décrit le specialist.

 
 

Le bas-relief provenant de Pompéi est encastré dans le mur du domicile du Belge Geert De Temmerman, à Herzele ©  Tous droits reserves

Geert De Temmerman invite Bart Demarsin à Herzele pour voir de ses propres yeux le bas-relief. Le spécialiste se rend sur place et découvre l’objet disparu. « Nous avons été surpris en arrivant. La plaque était vraiment dans l’entrée pendant toutes ces années, visible par tous les visiteurs », se rappelle-t-il. Le particulier lui explique alors que dans les années 1970 (certainement peu de temps après le vol), un vendeur à la sauvette avait l’avait approché avec ses parents pour leur vendre l’artéfact pour une somme d’argent assez conséquente. « On savait déjà à l’époque qu’il s’agissait d’un objet important. Plusieurs articles étaient déjà parus dans la presse italienne pour annoncer le vol », continue Bart Demarsin.

Un des rares témoignages matériels du séisme de 62

Car ce que le particulier défend avoir acheté lors de sa visite sur le site archéologique est en réalité une plaque de marbre assez rare. En effet, celle-ci représente le tremblement de terre qui a touché Pompéi en 62 après J.-C., qui est relaté par des auteurs antiques tels que Sénèque et Tacite. Il existe seulement deux témoignages matériels qui montrent cet épisode historique, lié à l’éruption du Vésuve (79 après J.-C.), et qui sont parvenus jusqu’à nous. Il s’agit de deux plaques de marbre qui ont été mises au jour à Pompéi près et dans la maison d’un banquier du nom de L. Caecilius Iucundus.

 
 

Portrait de Lucius Caecilius Jucundus, Spurlock Museum, University of Illinois at Urbana-Champaign – Urbana-Champaign, Illinois, USA © Wikimedia Commons / Daderot

Conservée dans un laraire (sanctuaire domestique semblable à un autel), la première est aujourd’hui exposée à l’Antiquarium de Pompéi, le musée dédié à l’exposition permanente de trouvailles illustrant l’histoire du site archéologique. La seconde a été découverte dans la maison ou dans ses environs, et les spécialistes savent qu’elle a été réalisée dans le même atelier de marbre que la première. « Ce qui est intéressant dans ce bas-relief, c’est qu’on peut y observer un château d’eau, une citerne qui approvisionnait Pompéi et qui est toujours là, dans la même rue que la maison du banquier, confie le spécialiste. On remarque aussi des édifices, comme la porte de Pompéi, en train de s’effondrer à cause du tremblement de terre

 

Bas-relief du Laraire de la maison de Lucius Caecilius Jucundus à Pompéi, montrant les effets du tremblements de terre de 62 © Wikimedia Commons / Lalupa

Comment un tel objet a-t-il bien pu finir entre les mains de touristes belges ? Dans les années 1970 et 1980, de nombreux vols ont été commis à Pompéi. Le site étant très étendu, plusieurs individus ont profité de l’absence de surveillance pour dérober des souvenirs authentiques. « Souvent, il s’agissait de petits objets et de pièces de monnaie », révèle Bart Demarsin. En 2022, le Museo dell’Arte Savata (ou Musée de l’art sauvé en français) a même ouvert ses portes à Rome pour présenter les œuvres volées, dispersées, vendues ou exportées illégalement et rendues à l’Italie ou saisies par les autorités.

Une enquête en cours

L’équipe du musée gallo-romain de Tongres a alors refusé l’offre d’achat de l’artéfact et a essayé de convaincre Geert De Temmerman de le retourner en Italie. « Mais comme ils ont payé cher l’objet à l’époque, ils souhaitent recevoir une compensation », ajoute l’archéologue. Après leur visite, les spécialistes ont informé la police de la présence de l’œuvre et des investigations ont été lancées. Depuis, les autorités belges ont confisqué le bas-relief en interdisant les propriétaires de toucher à l’objet volé et l’affaire est aujourd’hui suivie par le Ministère de la Culture italienne. Contactés par « Connaissance des Arts », les carabiniers pour la protection du patrimoine culturel (division de police dédiée pour enquêter et saisir les objets d’art volés) n’ont pas souhaité répondre à nos questions « liées au secret de l’enquête de l’autorité judiciaire ». « Je suis convaincu qu’un jour le bas-relief retournera en Italie. Si c’est le cas, je pense qu’il sera exposé à l’Antiquarium, au côté de l’autre plaque », conclut Bart Demarsin.

 

Lararium dans la maison de L. Caecilius Jucundus à Pompéi, aquarelle de Luigi Bazzani, publiée en 1929 à Pompéi par Amedeo Maiuri (Surintendant des fouilles de Pompéi de 1924 à 1961) © Wikimedia Commons / Luigi Bazzani

Depuis, Geert De Temmerman et son père ont essayé de changer l’histoire en donnant une version bien plus enjolivée à la presse. Ils y présentent l’acquisition de cette « scène en pierre » lors de leur séjour à Pompéi comme l’achat d’un simple souvenir et la tentative de recel au musée belge comme une redécouverte fortuite dans leur cage d’escalier. De plus, la famille espère recevoir une compensation financière pour avoir conservé l’œuvre pendant toutes ces années. Et puis quoi encore ?

https://www.connaissancedesarts.com/

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