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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

28/12/2023 15:50 970
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Au sein de l’atelier de chalcographie de la RMN-GP, Bertrand Dupré et Lucile Vanstaevel ont réalisé une impression de la « Maternité » d’après Pablo Picasso à partir d’une plaque gravée par Jacques Villon en 1930. © Photo : Guillaume de Roquemaurel. © Adagp, Paris, 2023. © Succession Picasso 2023.

L’Atelier de Chalcographie de la Rmn-Grand Palais est à la fois un atelier de fabrication et une collection de plus de 14 000 plaques de cuivre gravées du XVIIe siècle à nos jours. La collection appartient au musée du Louvre. Revisitées, depuis les années 1980, par des artistes contemporains invités par le Louvre, les plaques anciennes nourrissent la recherche artistique actuelle.

La chalcographie, qui signifie littéralement « écriture sur cuivre », est un procédé de gravure en taille douce, c’est-à-dire en creux, sur des plaques de cuivre. Parmi les 14 000 plaques conservées par le Louvre, le burin et l’eau-forte sont les deux techniques de taille-douce les plus représentées. C’est en 1797 que la Chalcographie du Louvre est créée. Installé auparavant sous les toits du palais du Louvre, l’Atelier de Chalcographie déménage plusieurs fois avant son installation en 2007 à Saint-Denis, au nord de Paris. Et dès 2015, l’Atelier qui réalisait uniquement des impressions ajoute la gravure à ses activités : deux artistes sont sélectionnés chaque année pour graver des plaques, qui entrent ensuite dans les collections du musée. Après Annette Messager, Jean-Michel Othoniel, Barthélémy Toguo et bien d’autres, le dernier artiste en date est Jean-Marie Appriou.

Un maître d’art et son élève

À l’atelier, trois artisans d’art travaillent dont Bertrand Dupré, le chef d’Atelier de Chalcographie présent depuis 22 ans, et Lucile Vanstaevel, la première femme à intégrer cet atelier depuis sa création en 1797.  Une complicité unit les deux imprimeurs qui collaborent depuis dix ans et interagissent sur chaque projet. En 2022, Bertrand Dupré a reçu le titre de « Maître d’art » en tant qu’imprimeur en taille douce, titre attribué par le ministère de la Culture, qui récompense des professionnels des métiers d’art maîtrisant un savoir-faire rare.
 
 

Le binôme « Maître d’art-Élève », Bertrand Dupré et Lucile Vanstaevel, dans l’atelier de chalcographie de la RMN-GP, à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. © François Guillemin.

Il distingue également le binôme qu’il forme avec Lucile Vanstaevel sous le titre « Maître d’art-Élève », une reconnaissance de la transmission de ses savoirs à son élève. Grâce à une bourse obtenue pour une durée de trois ans, ils ont l’opportunité d’approfondir leurs réflexions et recherches autour de l’impression de matrices anciennes et modernes, à raison d’un sujet par année. Et surtout de se livrer aux expérimentations sur les tonalités : « On a souvent l’impression que la gravure est monochromatique, alors qu’au contraire il y a un vrai travail de couleurs et de textures qui diffèrent selon les sujets » explique Lucile.

 
 
Lucile Vanstaevel en train d‘apposer des encres sur une des plaques de la Maternité. © Guillaume de Roquemaurel.

Un travail d’archéologues

 Cette année, c’est la Maternité de Pablo Picasso d’après une plaque gravée par Jacques Villon en 1930 qui est à l’honneur. Ils ont réalisé un vrai travail d’archéologue, comme le raconte Bertrand Dupré : « Nous avions à disposition un simple visuel mais il nous manquait la composition des encres, leurs transparences, les zones de pose : cela a été un vrai travail de fourmis pendant plusieurs mois. L’art de l’encrage est un art qui s’exerce et se transmet à l’oral et par la pratique. » Un travail minutieux et laborieux qui a nécessité des semaines de tâtonnements pour obtenir un résultat fidèle à l’original, une image de référence appelée « bon à tirer ».
 
 

Une impression d’un dessin de 1819, la Forêt vierge du Brésil par Charles de Clarac. © RMN.

Pour la Maternité 

Une plaque après l’autre, trois plaques gravées sont superposées sur le même papier, selon un ordre précis d’impression des couleurs. Un vrai travail de chromiste ! La veille de l’opération, le papier est humidifié à cœur pour le rendre souple et malléable, pour le rendre « amoureux ». Les encres sont préparées en amont, auxquelles y sont mélangés des liants, des résines, du blanc de Meudon, du siccatif… une alchimie essentielle pour conserver la qualité des encres.

L’encrage d’une plaque reproduisant l’eau-forte Jeux de léopards d’Emeric Timar d’après Georges Lucien Guyot. © RMN.

Sur la première plaque sont apposés les jaunes et les ocres. Les bleus et les marrons sur la deuxième plaque contournent la silhouette de la mère et de l’enfant ; et la dernière plaque permet de renforcer les tonalités de bleus, comme un travail de peintre sur des glacis. À l’aide de spatules, de petits tampons de mousseline-des poupées -, et de pinceaux fins, les encres sont appliquées sur la matrice. Puis ils utilisent la paume de la main- geste essentiel pour la gravure en taille douce-pour étaler ou retirer le restant d’encre.

 

L’atelier a également réalisé une impression de la Joconde. © RMN.

Patience et répétition

Entre chaque passage en presse, le papier sèche 48 heures à plat sous un cartonnier avec un empilement de buvards, mis sous poids. Les buvards sont changés tous les jours jusqu’au séchage complet des encres. La naissance d’une image nécessite donc une grande patience et un processus plusieurs fois répété : rien à voir avec l’immédiateté des images de notre époque… Et assister à la révélation d’une image est magique. Trois jours de travail pour une impression sur papier de la Maternité. Ce n’est pas toujours le cas : certaines gravures nécessitent seulement le travail d’une seule matrice.
 

La rose du Louvre, une œuvre de Jean-Michel Othoniel dont il a réalisé une planche gravée à l’intention de la collection de la Chalcographie. © RMN.

« Rendre ces techniques vivantes »

 Ce qui anime Bertrand et Lucile, c’est le travail de recherches chromatiques, la naissance des œuvres, et les échanges et l’accompagnement des artistes qui créent une œuvre à l’atelier. Grâce à ces partenariats, la collection s’enrichit de nouvelles techniques et sujets. La rencontre artisan-artiste permet la transmission d’un savoir-faire ancien et son renouvellement. « Les artistes qui passent nous apportent un nouveau regard sur notre pratique, ils requestionnent notre manière de travailler. L’idée c’est de maintenir et de développer ce savoir-faire. Ce n’est pas seulement un patrimoine, il faut rendre ces techniques vivantes » conclut Lucile. L’Atelier de Chalcographie est désormais ouvert au public pour les journées du Patrimoine, une belle reconnaissance pour ces artisans d’art et ce métier traditionnel revalorisé depuis peu.
Site des Ateliers d’Art de la Réunion des musées nationaux- Grand Palais  :  https://ateliersartmuseesnationaux.fr


https://www.connaissancedesarts.com/

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