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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

25/08/2023 14:15 638
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Une magnifique mise au jour a eu lieu au cœur de la Cité du Vatican, en plein centre de Rome : il s'agit du somptueux théâtre en gradins où l'empereur romain Néron répétait ses spectacles devant une audience choisie.

 

LES RUINES DU THÉÂTRE DE NÉRON ONT ÉTÉ RETROUVÉES DANS LA COUR INTÉRIEURE DU PALAZZO DELLA ROVERE, TOUT PRÈS DE LA BASILIQUE SAINT-PIERRE, AU VATICAN. SOPRINTENDENZA SPECIALE DI ROMA

À deux pas de la basilique Saint-Pierre de Rome, au Vatican, des fouilles menées dans la cour intérieure du Palazzo della Rovere ont révélé des vestiges antiques pour le moins inattendus : les ruines du théâtre de Néron (Theatrum Neronis), où l’empereur se plaisait à répéter ses spectacles devant une audience choisie. Mentionné dans les textes, mais jamais retrouvé, on pensait que l’édifice n’avait jamais existé. Mais ici, le luxe et la dimension des bâtiments laissent peu de doute : seul un homme de très haut rang peut avoir fait construire pareil édifice. Les archéologues de la Surintendance spéciale de Rome, en charge des fouilles, soulignent dans un communiqué de presse combien cette découverte est "d’une importance exceptionnelle".

Le légendaire théâtre de Néron a été mis au jour en plein cœur de Rome

Des fouilles préventives menées depuis 2020 dans la cour intérieure du Palazzo della Rovere, siège de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem situé dans la Cité du Vatican, en plein cœur de Rome, ont révélé un véritable trésor archéologique couvrant plusieurs siècles de l’histoire italienne. Les vestiges les plus remarquables se situent cependant à 5 mètres de profondeur, avec la mise au jour de structures en brique datant du milieu du 1er siècle de notre ère, soit de l’époque julio-claudienne (du nom de la dynastie qui régna sur l'Empire romain entre 27 avant notre ère et 68 de notre ère, depuis Auguste jusqu'à Néron). Les archéologues distinguent plusieurs bâtiments : l’un, en forme d’hémicycle, pourrait être un théâtre, se composant d’un mur en fond de scène (scænæ frons) et d’une fosse (cavea) où les spectateurs prenaient place sur des gradins ; le second, perpendiculaire au premier, comporte plusieurs pièces, qui ont pu servir à ranger les décors et les costumes. Ces deux bâtiments donnent sur une grande cour qui était peut-être entourée d’un portique.

 
 
Les structures sont construites en briques, dont certaines sont estampillées, indiquant qu’elles ont été fabriquées sous le règne des julio-claudiens. Crédits : Soprintendenza Speciale di Roma

Le théâtre de Néron pouvait accueillir plusieurs milliers de spectateurs

Même si une partie de la construction ne pourra être mise au jour car elle se trouve aujourd’hui sous les bâtiments et les rues avoisinantes, ses dimensions sont déjà imposantes, avec 42 mètres de diamètre pour le théâtre. Ce qui laisse supposer qu’il pouvait accueillir plusieurs milliers de spectateurs sur ses gradins. Par ailleurs, le luxe décoratif est éblouissant, comme en témoignent plusieurs colonnes en marbres précieux – dont certaines sont cannelées –, mais aussi un chapiteau ionique en albâtre, et des décorations en stuc recouvert de feuille d’or. L’extrême finesse de ce travail plaide pour un "client de haut rang", concluent les archéologues romains, qui établissent un parallèle avec la Maison dorée (Domus aurea), vaste complexe palatial que Néron fit construire avec un luxe de raffinement confinant à l’excès, signe ostensible de sa démesure.

 
 
Cinq colonnes de marbre coloré ; certaines sont en marbre cannelé, d’autres en marbre africain. Crédits : Soprintendenza Speciale di Roma

Le théâtre de Néron est mentionné dans les textes antiques

Le théâtre de Néron est mentionné dans les textes antiques, mais jusqu’à présent aucune trace n’en avait jamais été trouvée. D’après Tacite, c’est depuis cet emplacement que Néron aurait contemplé l’incendie qui a ravagé Rome en 64 de notre ère. D’autres textes permettent de le situer géographiquement dans le domaine d’Agrippine l'Aînée (Horti Agrippinæ), qui était la grand-mère maternelle de Néron.

Ces "jardins", qui correspondaient à de vastes terrains sur lesquels étaient construits des pavillons résidentiels et d’autres bâtiments destinés aux loisirs, s’étendaient en marge de la ville (urbs) dans la zone de la plaine vaticane (Ager Vaticanus). Sénèque évoque ainsi une terrasse longeant le Tibre, d’autres sources mentionnent le cirque dit de Caligula et Néron (Circus Gai et Neronis, ou Circus Vaticanus) construit par Caligula (fils d’Agrippine l'Aînée et oncle de Néron) pour y organiser des courses de char privées. L’obélisque de granite rouge qui en décorait la spina (le mur central autour duquel tournaient les chars) est resté pendant plusieurs siècles dans sa position d’origine avant d'être déplacé au 16e siècle sur la place Saint-Pierre au Vatican ; la place et la Basilique Saint-Pierre occupent aujourd'hui l’ancien emplacement de ce cirque. On sait aussi que les jardins d’Agrippine étaient traversés par deux voies très importantes, la Via Cornelia et la Via Triumphalis, qui se superposaient précisément à cet endroit, dans la plaine vaticane, et desservaient les deux édifices.

 
 
Chapiteau en albâtre. Crédits : Soprintendenza Speciale di Roma

Néron utilisait ce théâtre pour se faire applaudir lors de ses répétitions

Le puzzle se complète à présent avec la redécouverte du théâtre que Néron, le dernier des empereurs de la dynastie julio-claudienne, a fait construire pour se faire applaudir lorsqu’il récitait ses poèmes et ses chants. Même s’il s’agissait d’un domaine privé, il est probable qu’un public aristocratique ait pu assister à ces représentations, ce qui inclut "les proches de l'empereur, mais aussi, dans une certaine mesure, le peuple romain", explique dans un reportage de l’agence Associated Press l’archéologue Alessio De Cristofaro, qui supervise les fouilles pour le Bureau de la Surintendance archéologique de Rome. L’empereur testait ainsi sa performance avant de se produire devant un public encore plus nourri au théâtre de Pompée, monumental édifice situé au Champ de Mars (Campus Martius).

 
 
 Vestiges de la décoration picturale d'un des murs du théâtre de Néron et d'une partie du sol parfaitement conservé. Crédits : Soprintendenza Speciale di Roma

L'édifice fut très vite abandonné et démantelé

Le règne des julio-claudiens prend rapidement fin avec la mort de Néron en 68 de notre ère. Désireux de rompre avec cette période marquée par la dissipation, les empereurs qui lui succèdent abandonnent très vite le domaine d’Agrippine, qui devient une nécropole accueillant tombeaux et mausolées. Le théâtre de Néron n’a donc pas été utilisé pendant très longtemps, les archéologues ayant trouvé les preuves que "dès les premières décennies du 2e siècle après J.-C., le complexe a fait l’objet d’un processus systématique de démantèlement visant à récupérer les matériaux, en particulier la pierre". Les magnifiques colonnes de marbre ont alors été mises à terre ; certaines d’entre elles n’ont pas bougé depuis près de 2000 ans.

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