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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

02/02/2023 10:23 1268
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Partie du papyrus d'Ani (1250 av. J.-C.) découvert à Thèbes en 1887, extrait du "Livre des morts". Le dieu solaire Ra (chat) tuant le dragon des ténèbres (serpent). Ani et sa femme adorant le dieu à tête de scarabée Kheper. Le dieu Tmu assis dans le disque solaire… © Libre de droits

Il s'agit de l'un des documents les plus fascinants de la culture égyptienne antique. Le Livre des morts est un ensemble de textes et d'images qu'utilisaient les Égyptiens pour les accompagner dans leur voyage vers l'autre monde. Avec la découverte récente de l'un de ses extraits, retour sur cette sorte de manuel spirituel, qui fait la lumière sur leurs anciennes traditions funéraires.

Dans une tombe de Saqqarah, au sud de la pyramide de Djéser, des archéologues égyptiens ont découvert en 2022 un papyrus de 16 mètres de long, récemment restauré et daté de 50 av. J.-C., ont-ils annoncé le 14 janvier 2023. Surnommé le "papyrus Waziri", il s'agit d'un exemplaire du Livre des morts des anciens Égyptiens, le premier retrouvé depuis un siècle. Car les textes de ce corpus préservés entiers sont rares : au XIXe siècle et avant le déchiffrement des hiéroglyphes (notamment grâce à la pierre de Rosette), ils sont morcelés pour la vente et dispersés dans des collections privées. Cette rare découverte donne l'occasion de se plonger dans les écrits de l'Égypte antique et d'avoir ainsi un aperçu des croyances qui animaient ses habitants, notamment à propos de la vie après la mort. Car si les plus aisés faisaient momifier leurs corps et décorer leurs cercueils de textes religieux, posséder un Livre des morts était également essentiel durant les XVIIIe, XIXe et XXe dynasties pour s'y préparer.

Des papyrus uniques, placés avec les défunts

Le Livre des morts des anciens Égyptiens est en fait le nom moderne donné par l’égyptologue allemand Karl Richard Lepsius à une série de textes funéraires, qui devaient aider les défunts à naviguer dans l'au-delà. Les Égyptiens, qui l'appelaient alors le Livre pour sortir du jour - entendre, le monde des vivants - plaçaient parfois des papyrus reprenant ses formules et ses sorts dans leurs sépultures, vers 1500-1000 av. J.-C. Devenus populaires pendant le Nouvel Empire, ils sont finalement les dérivés des plus anciens Textes des pyramides, inscrits sur ces dernières, et des Textes des sarcophages (ou des cercueils), réservés à la famille royale puis aux notables de haut rang. De nombreux auteurs ont contribué à écrire le corpus : des scribes recopiaient les textes sur les rouleaux et les illustraient de couleurs vives, avant de les vendre aux particuliers qui les enterraient. De nombreux exemplaires ont été retrouvés, mais aucun ne contenait les plus de deux cents chapitres individuels connus du livre. Aucun des parchemins n'était ainsi similaire, sûrement adapté en fonction du bénéficiaire.

Des sorts "pour sortir du jour" ou s'y préparer

L'ouvrage avait pour objectif d'accompagner spirituellement le défunt dans les épreuves qui l'attendent après la mort. Les anciens Égyptiens croyaient en effet que leur corps pouvait renaître - d'où l'importance des procédés de la momification - et naviguer dans un lieu "de dieux, de démons, de lieux mystérieux et d'obstacles potentiels", écrit Barry Kemp, professeur d'égyptologie à l'Université de Cambridge dans son livre How To Read The Egyptian Book Of The Dead (Granta Books, 2007). "Le Livre des Morts, au moyen de ses sorts, [lui confère] le pouvoir de naviguer avec succès - pour l'éternité - à travers les différents royaumes." Ses chapitres décrivaient donc ce qui pouvait l'attendre, à l'image de la cérémonie du Jugement de l'âme (chapitres 30B et 125). Devant rendre compte à Osiris (ou à Rê, selon les époques) de ses actes sur terre, le mort soumet son cœur à une balance face à la plume de Maât, déesse de la vérité et de la justice. Les sorts (rꜢ) du Livre pour sortir du jour devaient le mener à "réveiller" son akh, partie de l'âme "bienheureuse" qui vit après le trépas.

En donnant des indications sur ce qui les attendait, ces textes apaisent aussi les craintes des anciens Égyptiens concernant les inconnues de la mort. Des énoncés incluent d'ailleurs des instructions sur la façon de les utiliser sur Terre, suggérant qu'ils étaient également probablement utilisés de leur vivant. Certains apparaissent plus fréquemment que d'autres. Le "sort 17", par exemple, rappelle l'importance du dieu solaire Rê ou Râ dans la mythologie égyptienne. Les textes étaient souvent illustrés - les papyrus aux illustrations colorées ont fleuri durant le Nouvel Empire, où les documents funéraires se multiplient aussi, rappelle un article publié dans les Scientific Reports en janvier 2023. Car si de nombreux propriétaires n'auraient pu lire les hiéroglyphes présents dans leur exemplaire, ils avaient à travers ces vignettes un résumé de leur contenu. Des papyrus difficiles à la lecture de par leur longueur - le plus long des manuscrits découverts mesure près de quarante mètres - étaient quant à eux davantage destinés à être des copies de prestige, déposées dans la tombe.

 
Partie du papyrus d'Ani (1250 av. J.-C.) découvert à Thèbes en 1887, extrait du "Livre des morts". Ani et sa femme s'approchant des sept portes d'Osiris. Libre de droits

Des extraits sur le masque de Toutânkhamon

Les formules du Livre des morts des anciens Égyptiens n'étaient enfin pas toujours inscrites sur des papyrus. Elles ont été retrouvées sur les murs de tombeaux, les bandages d'une momie… et même sur le célèbre masque funéraire de Toutânkhamon (1345-1327 av. J.-C.), avec des inscriptions extraites du chapitre intitulé "Formule pour la tête mystérieuse" (151B). Selon Foy Scalf, responsable des archives de l'Institut oriental de l'Université de Chicago (États-Unis) et titulaire d'un doctorat en égyptologie, les derniers extraits révélés du manuel ont été écrits au Ier ou IIe siècle de notre ère (Book of the Dead : Becoming God in Ancient Egypt, 2017). Les Livres de la Respiration - l'un destiné à être placé sous la tête du défunt, l'autre sous les pieds - sont alors devenus les nouveaux textes populaires. Ils étaient composés "d'une sélection de sorts du Livre des morts [...] [entrelacé] avec de nouvelles compositions, des commentaires et la refonte ou l'omission de passages spécifiques", indique le chercheur dans l'étude de l'un d'entre eux, le papyrus FMNH31324.

https://www.geo.fr/

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