Paris : une troisième église victime d’un incendie volontaire en seulement une semaine
La façade de l'église Saint-Laurent (Paris Xe arr.) a été incendiée le mardi 24 janvier ©LP/Estelle Dautry
Dans la nuit de mardi à mercredi, l'église Saint-Laurent à Paris a été la cible d'un incendie volontaire. Il s'agit du troisième lieu de culte en moins d'une semaine à être touché par ce genre d'acte de vandalisme.
Ces derniers jours, les églises parisiennes font tristement l’actualité. Depuis le 17 janvier dernier, trois lieux de culte ont été la cible d’incendie volontaire. Le dernier en date est l’église Saint-Laurent (Xe arrondissement), touchée dans la nuit de mardi 24 à mercredi 25 janvier. « Le portail de l’église Saint-Laurent est très endommagé, déclare sur Twitter Karen Taïeb, adjointe à la mairie de Paris chargée du patrimoine. Notre équipe se rend sur place pour évaluer les dégâts et porter plainte. » Selon nos confrères du « Parisien », un homme de 47 ans a été interpellé et placé en garde à vue pour « dégradation par moyen dangereux à raison de la religion » dans l’après-midi du 25 janvier. Après sa garde à vue, l’homme a été admis à l’Infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police (I3P) ce jeudi, selon une information du Parquet de Paris.
Le premier acte délibéré contre l’église Saint-Laurent
Située sur le boulevard Magenta près de la gare de l’Est, la façade de l’église Saint-Laurent est élevée dans le style flamboyant par l’architecte Constant-Dufeux, entre 1862 et 1865. « Les pompiers ont été avertis par une patrouille de police, un peu avant 5 heures du matin », précise le père Roger Frey, vicaire de la paroisse, cité dans le quotidien « Le Parisien ». Malheureusement, la partie gauche du portail a brûlé avant que les pompiers puissent arrêter les flammes. Au tympan, une peinture sur lave émaillée par Paul Balze (spécialiste de ce type de production) de 1870 représente le thème de la Passion de saint Laurent, martyr chrétien du IIIe siècle mort brûlé sur un grill. En dessous, les sculptures figurent le Christ, au trumeau, exécuté par Aimé-Napoléon Perrey, entouré des apôtres (réalisés par Léon Bertaux, Augustin Courtet, Antoine Laurent Dantan Aîné et Louis Guillaume Fulconis) aux piédroits.
L’incendie, qui ne s’est pas propagé à l’intérieur, a sévèrement endommagé le portail de l’église Saint-Laurent à Paris © LP/Paul Abran
Le 17 et le 22 janvier, c’était l’église Notre-Dame-de-Fatima, sur le boulevard Sérurier (XIXe arrondissement) qui était ciblée. D’après « Le Parisien », qui cite une source proche de l’enquête, la porte de l’édifice aurait été aspergée d’un liquide inflammable. Entre-temps, le 18 janvier, c’est au tour de l’église Saint-Martin-des-Champs, dans la rue Albert-Thomas (Xe arrondissement), d’être touchée. Toujours selon le quotidien, le feu a été allumé avec des morceaux de bois devant la porte principale et s’est propagé à l’intérieur, mais l’incendie a été vite circonscrit par les pompiers.
Eglise Saint-Martin des Champs en 2017 @ Paris
Des moyens de prévention et de surveillance renforcés « Nous avons déjà des déséquilibrés qui s’en sont pris à du matériel à l’intérieur de l’église, mais jamais un acte délibéré comme celui-ci, où c’est l’Église et ce qu’elle représente comme symbole qui est visé. », explique le père Roger Frey. Ces actes de malveillance inquiètent de plus en plus les paroisses voisines.
La façade de l’église Saint-Laurent à Paris avant l’incendie du 24 janvier 2023. ©Connaissance des Arts
Pour éviter les attaques contre d’autres édifices les moyens de prévention et de surveillance sont renforcés près des lieux de culte dans les secteurs géographiques des églises visées. Une enquête pour dégradation par moyen dangereux à raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion a été ouverte lundi soir et confiée au 2e district de la police judiciaire, a indiqué le Parquet de Paris.