A partir du 16 avril 2022, l’exposition "Le Machu Picchu et les empires dorés du Pérou" se tient à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, avec la présentation de trésors andins exceptionnels. Une expérience de réalité virtuelle est également proposée. Visite.
Coiffe frontale en or avec plumes métalliques, appartenant à la Culture Chimu (1100-1400 après J.-C.) CRÉDITS: WORLD HERITAGE EXHIBITION
Coiffes en or, masques funéraires, objets cérémoniels dotés de pouvoirs… C’est un voyage dans le temps et vers des cultures mythiques que propose, au milieu de sons de jaguars rugissants et d’oiseaux multicolores, l’exposition "Machu Picchu et les empires dorés du Pérou". A partir du 16 avril 2022, la Cité de l’architecture et du patrimoine, place du Trocadéro à Paris, offrira en effet une expérience muséale immersive pour pénétrer au cœur des mystérieuses sociétés andines qui pendant 3.000 ans ont dominé une importante partie de l’Amérique du Sud.
Citadelle Inca du Machu Picchu, au Pérou. Crédits: World Heritage Exhibitions
Si la citadelle du Machu Picchu, découverte en 1911 au nord-ouest de Cuzco, ainsi que l’empire inca (1438-1533) qui s'étendait de l'Argentine actuelle au sud de la Colombie jusqu'à la conquête espagnole en 1533, sont convoqués "en produit d’appel" avec leurs impressionnantes réalisations architecturales au milieu des montagnes, c’est surtout autour de 192 objets d’exception, provenant de tombes royales de plusieurs sociétés précolombiennes dont les Incas furent les héritiers, que se concentre réellement l’exposition. "Si l’on parle des Incas, ils ne représentent que 80 ans de l’histoire du Pérou préhispanique", rappelle l’archéologue Carole Fraresso, commissaire de l’exposition. La plupart présentés pour la première fois hors du Pérou, les trésors exposés à Paris ont été prêtés par le Museo Larco de Lima, ainsi que le Museo de Sitio Manuel Chávez Ballón d’Aguas Calientes, au Pérou. Une parure en or complète d'un seigneur Chimú datant de 1300 après J.-C., constitue ainsi l’un des points forts de l'exposition.
Trousseau funéraire impérial Chimu en or (1100-1470 après J.-C.). Crédits : Musée Larco, Lima-Pérou
Mis en scène par la société World Heritage Exhibition (WHE), l’exposition coproduite avec la société singapourienne Cityneon Holding propose dès l’entrée, en guise d’introduction, un film dépeignant une majestueuse forêt tropicale, qui sert de toile de fond à la présentation du site du Machu Picchu, de l’empire inca et des riches vestiges des sociétés andines qui les ont précédées.
Plus loin, un portique inca franchi, -moyen choisi pour séparer les différents espaces thématiques des 1.000 m2 d’exposition-, donne accès à la première salle. Là, des céramiques aux décors détaillés par des animations murales permettent d’explorer les concepts fondamentaux au cœur de la cosmovision des sociétés de l’ancien Pérou. Tout d’abord celui de dualité, qu’il s’agisse du masculin et du féminin, de l’humain et de l’animal, de la naissance et de la renaissance, du soleil et de la lune, du jour et de la nuit ou du haut et du bas. Mais aussi un univers tripartite, avec un monde supérieur, royaume céleste des dieux habité par les forces de la nature, l’eau et le soleil symbolisés par l’oiseau ; un monde inférieur souterrain, domaine des morts et des ancêtres où le serpent se faufile ; et l'ici et maintenant, le monde intermédiaire des vivants, assurant le lien entre les deux autres univers. Autant d’éléments caractéristiques des anciennes sociétés andines.
Bol cérémoniel en or et en argent exprimant la dualité au cœur de la cosmovision des anciens péruviens. Crédits : Musée Larco, Lima-Pérou
Un renouvellement permanent du cycle de la vie
Les activités des humains dépendant de la bienveillance des dieux et des ancêtres, rituels et cérémonies devaient être en permanence organisés. Souvent accompagnés d'absorption de substances hallucinogènes, ils étaient destinés à faciliter les transformations de façon à pouvoir voyager et communiquer entre les mondes des dieux et des ancêtres et ainsi assurer le renouvellement permanent du cycle de la vie. Devenir un jaguar pour voir comme un jaguar. Pour incarner cet univers à trois niveaux qui assure la pérennité et la continuité des cycles, le symbole d’un échelon -que vous pourrez vous amuser à rechercher sur les objets- se retrouve codifié sur des céramiques ou des parures, que celles-ci appartiennent aux sociétés Nasca, Chavin, Huari ou Inca. Figuré par trois marches, il signale la capacité à se déplacer entre les trois mondes au centre de toute la cosmologie andine. Quelques pièces associées aux rituels chamaniques tels que des mortiers et pilons pour préparer la pulpe de cactus de San Pedro (Echinopsis pachanoi), ou écraser les lianes d’ayahuasca sont présentés. De même qu’un impressionnant collier en cristal de roche, propriété d’un chaman, faisant le lien entre les mondes visibles et invisibles. Un dragon andin en céramique noire aux yeux incrustés de turquoise et de coquillages évoque la transformation d’un chaman vers un puissant être hybride.
Peu connues du public, des céramiques érotiques Mochicas figurant des ancêtres aux sexes disproportionnés, montrent aussi de quelle façon, par la récupération des fluides séminaux, les ancêtres étaient aussi actifs dans la fertilisation des sols y compris depuis leur monde souterrain ou inframonde.
Masque funéraire représentant le visage du héros Ai Apaec. Crédits: Musée Larc, Lima-Pérou
La légende d'Ai Apaec
Dans une autre galerie, Ai Apaec, le héros aux crocs de félin de la culture Mochica (ou Moche -prononcer Mot-ché), qui s’étendait le long du littoral nord du Pérou, amène le visiteur à comprendre l’univers si particulier de cette région du monde, où en permanence se succède des cycles de transformation des forces de la nature, vie, mort et régénérescence, et où rien n’est jamais figé. A travers la légende de l’effrayant Ai Apaec et ses aventures océaniques narrées sur des céramiques ou des coupes, toutes les étapes de la vie de ce démiurge sont évoquées par le biais de décors figurant sa quête du soleil disparu dans les profondeurs de l’océan. Un astre qu’il doit impérativement ramener pour maintenir l’ordre du monde et de la nature. Dans un souci permanent d’aide à la compréhension, des vidéos intégrées aux vitrines, ou projetées sur les parois, permettent aux visiteurs de mieux appréhender la signification des œuvres.
L’exposition dépeint aussi l’univers sacrificiel des anciens péruviens, et les cérémonies destinées à apaiser et honorer les dieux. De nobles guerriers devaient ainsi participer à des combats rituels. Les perdants étant ensuite transformés en êtres sacrés sacrifiés pour donner un nouveau souffle à la communauté. Pour expliquer ces traitements, un autel sacrificiel a été reconstitué. En poursuivant la visite, les récipients modelés en céramique, ou façonnés en métal, cèdent progressivement la place à une très impressionnante idole en bois découverte à Chan Chan, la capitale de l’empire Chimu. Placée au centre d’une petite pièce, elle introduit la salle consacrée aux fastueuses parures en or et en argent portées par les dirigeants du Pérou, véritable clou de l’exposition.
Exceptionnelles parures en argent de Seigneurs Chimu (1100-1470 ap. J.C)
L’ensemble de coiffes en métaux précieux, d'ornements d'oreille, de colliers, et de revêtement pectoral présentés émerveillent littéralement. Scintillant sous les éclairages, une parure en or unique au monde est celle d’un dignitaire Chimu. Tous ces objets inestimables qui ont survécu aux pillages et ravages de la fonte de l’or par les Espagnols, sont aussi les rares témoignages parvenus jusqu’à nous du savoir-faire des orfèvres précolombiens. L’exposition s’achève ensuite sur les Incas, et leurs créations, ainsi qu’un certain nombre de vestiges récemment mis au jour lors de fouilles archéologiques menées à Machu Picchu, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
uipu Inca (1438-1532 après J.-C). Peuple sans écriture, les Incas avaient en réalité développé un ingénieux système de communication faisant appel à des dispositifs mnémoniques : les quipus. Il s’agissait d’une sorte de collier constitué d’un cordon principal auquel étaient rattachées de nombreuses cordelettes pendantes recouvertes de nœuds. Selon un code particulier de ligatures, ces nœuds auraient permis de stocker de l’information. Crédits : Musée Larco, Lima-Pérou
Une fois la visite terminée, -et à condition d'avoir acheté un billet spécifique- une expérience de réalité virtuelle (VR) est proposée, permettant aux visiteurs dotés d’un casque VR haute résolution, calés dans des fauteuils spéciaux, de connaître le grand frisson avec une visite inoubliable au-dessus des ruines du Machu Picchu. Cette exposition dépaysante réalisée pour attirer un très large public est à voir jusqu’au 4 septembre 2022.
3000 ans de civilisation. Chronologie des principales sociétés du Pérou précolombien
Chavin : 1250-200 avant J.-C.
Nasca : 300 avant J.-C. – 650 après J.-C.
Mochica : 100-800 après J.-C.
Huari : 600 – 1300 après J.-C.
Chimu : 900-1470 après J.-C.
Du 16 avril au 4 septembre 2022
Galerie des expositions temporaries
Cité de l'architecture & du patrimoine
1, place du Trocadéro 75016 Paris
Ouverture tous les jours de 10h à 19h (dernier accès à 17h30)
Attention tarifs et conditions de réservation spécifiques pour cette exposition
Plein tarif : 22€ / 24€ accès à l'exposition ainsi qu'un Escape game
Tarifs enfants (de 4 à 14 ans) : 18€ / 20€
Enfants (- 4 ans) : gratuit
Tarif expérience de réalité virtuelle : 15€
Les billets ne sont pas en vente à la Cité.