Un tambour runique a été rendu à son peuple. © DeAgostini/Getty Images
Après des années et des années de bataille, la directrice du musée Sami de Karasjok (Norvège) est parvenue à récupérer l'objet et à le rendre au peuple autochtone des Samis.
Il aura fallu 309 ans exactement pour que ce tambour runique rentre chez lui. Confisqué par les Danois en 1691 à un certain Anders Poulsson, il était depuis la propriété du Danemark au sein du musée national du pays, nous raconte le Guardian. Mais il vient officiellement d'être rendu au peuple Sami, grâce au travail de longue haleine de la directrice du musée Sami de Karasjok (Norvège). Quarante ans de "bataille", décrit-elle, pour un "symbole de notre histoire, de nos valeurs et de notre culture", met en avant Jelena Porsanger. C'est aussi dans le même temps "un symbole de colonisation et de relation de pouvoir inégal", explique-t-elle.
Les Samis sont un peuple autochtone implanté dans plusieurs pays du nord de l'Europe, à savoir la Norvège, la Suède, la Finlande et même la péninsule de Kola en Russie près de la Laponie. Ils appellent leurs terres ancestrales Sápmi et élevaient autrefois essentiellement des rennes tout en vivant de la pêche. Ils seraient aujourd'hui environ 85.000. Concernant ce tambour, il appartenait donc à Anders Poulsson.
Créé à l'origine pour aider un chaman à entrer en trans, il lui avait été confisqué par les autorités avant d'être jugé pour sorcellerie. Il aurait alors dit à l'époque que sa mère lui avait enseigné l'art du tambour afin "d'aider les gens en détresse", mais l'homme avait été assassiné avant son jugement.
Objet ancestral
En 1979, le tambour runique avait été prêté au musée norvégien, mais les nombreuses tentatives pour le ramener officiellement dans le pays avaient échoué. La présidente des Samis avait même lancé en 2021 un appel à la reine Margrethe du Danemark, raconte le Guardian, en espérant qu'elle agisse pour "la conscience du peuple danois". Désormais, c'est chose faite. C'est le premier tambour à revenir au pays, il fera d'ailleurs l'objet d'une exposition en avril prochain.
Objet ancestral, le tambour runique faisait partie de la vie religieuse de la communauté. Quand un Noaidi (chaman) frappait dessus avec un marteau fait de bois de renne, un anneau en laiton se déplaçait à la surface. Selon son déplacement, le Noaidi pouvait prédire l'avenir. Il aidait aussi à entrer en transe et à "voyager" dans différentes réalités comme les esprits et les morts.