Matteo Giovannetti, Sainte Catherine d'Alexandrie © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais, Hervé Lewandowski.
Le musée du Louvre vient de faire entrer dans ses collections deux panneaux de Matteo Giovannetti, l'un des principaux peintres de l'École d'Avignon du XIVe siècle. Il s'agit de l'une des acquisitions les plus importantes de l’année 2021 pour l'institution.
Mardi 21 décembre, le musée du Louvre a annoncé l’acquisition pour son département des Peintures de deux panneaux du peintre primitif Matteo Giovannetti (vers 1322-1368), intitulés Sainte Catherine d’Alexandrie et Saint Antoine abbé. Exécutées vers 1345, ces deux peintures sur bois à fond d’or ont été achetées de gré à gré et permettront au public de « mieux saisir combien le milieu du XIVe siècle marque une période de renouveau pour la peinture », selon un communiqué de l’institution. Matteo Giovannetti était l’un des plus importants peintres au service des papes en Avignon, après Simone Martini (1284-1344).
Un précieux triptyque
Mesurant environ 64 cm de haut pour un peu moins de 20 cm de large, les deux panneaux faisaient initialement partie d’un précieux triptyque, commandé par un riche commanditaire vénitien et réalisé à Avignon, dont cinq éléments ont pu être conservés. En 1996, le musée Louvre avait déjà pu faire l’acquisition de deux autres éléments, l’Ange et la Vierge de l’Annonciation. Selon le célèbre historien d’art Roberto Longhi, il s’agit du « plus beau triptyque […] peint pour Venise dans la première moitié du XIVe siècle ». Matteo Giovannetti y laisse en effet pleinement s’exprimer son style, alliant sophistication et naturalisme, et témoigne d’une nouvelle approche du portrait dont le Portrait du roi Jean le Bon (1350-1375), également conservé au Louvre, constitue un autre illustre exemple. Le musée précise également dans son communiqué que les deux panneaux revêtent une importance considérable dans la mesure où ils « comptent […] parmi les plus anciens vestiges que l’on conserve de la peinture exécutée sur le sol français au XIVe siècle ». Une dizaine de peintures de primitifs des écoles italienne, française, espagnole et allemande ont déjà été acquises au cours des sept dernières années par le musée du Louvre, qui a mis en place une politique d’acquisition très dynamique en la matière.
Matteo Giovannetti, Saint Antoine abbé et Sainte Catherine d’Alexandrie © Musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais, Hervé Lewandowski.
Un point de jonction
Admirateur de Simone Martini, l’un des plus grands représentants du gothique courtois, et ami de Pétrarque, Matteo Giovannetti rejoint la cour pontificale d’Avignon en 1343 pour en devenir l’un des peintres les plus éminents. Il exécute notamment le décor des chapelles du palais des papes ainsi que les fresques de la chartreuse Notre-Dame-du-val-de-Bénédiction de Villeneuve-lès-Avignon. Son œuvre constitue « un point de jonction très original entre la culture méridionale, celle de l’Italie de Giotto et de Simone Martini, et la culture septentrionale » et influencera durablement les peintres français et nordiques de la fin du Moyen Âge. Témoignant d’un intérêt nouveau pour la nature, la peinture de paysages ou le portrait naturaliste, l’art de Simone Martini et de Matteo Giovannetti marque un tournant important pour l’art occidental et ouvre la voie aux grandes inventions de la Renaissance.