Le rapport 2021 sur l'état des sites classés au registre du Patrimoine mondial de l'Unesco préconise plusieurs classements sur la liste du « Patrimoine en danger ». Ces recommandations, qui seront ou non entérinées par la réunion prochaine du Comité du patrimoine mondial, concernent notamment Stonehenge, Venise et la Grande Barrière de corail.
Venise et sa lagune pourrait bientôt intégrer la liste du « Patrimoine en danger » si rien n'est fait pour empêcher les paquebots de passer près de la ville © Unsplash - Joshua Stannard
Voilà une nouvelle qui donne du fil à retordre à nombre de dirigeants politiques tout autour du globe. La publication, le 21 juin, du rapport préliminaire à la réunion du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, qui se tiendra à Fuzhou, en Chine du 16 au 31 juillet, a en effet fait grincer des dents les responsables anglais, italiens et australiens, entre autres. S’il ne s’agit pour l’instant que de recommandations, le message est passé pour la dizaine de sites concernés : il faut davantage de mesures de conservation. En préconisant le classement sur la liste du « Patrimoine en danger » du site de Stonehenge, des villes de Venise et de Budapest, de la Grande Barrière de corail ou encore de la vallée de Katmandou, l’Unesco souhaite avant tout alerter sur les dangers qui les menacent.
Stonehenge sur le fil
L’un des cas les plus importants est celui du site britannique de Stonehenge. À cause du projet de l’autoroute A303, un tunnel qui pourrait passer à 200 mètres des monolithes et détruire un demi-million d’artefacts selon les estimations des archéologues, les instances consultatives de l’Unesco considèrent que la question du classement comme « Patrimoine en danger » se pose si aucune mesure de préservation n’est prise. Les experts fixent même un ultimatum au gouvernement anglais, qui devra agir avant le 1er février 2022 pour espérer échapper à ce classement. L’Unesco, qui s’était déjà déclarée défavorable au projet en 2019, donne ainsi du crédit aux inquiétudes des scientifiques et des défenseurs du patrimoine britanniques, pour qui ce projet autoroutier est une aberration.
Le site de Stonehenge est menacé par la construction de l’autoroute A303 © Unsplash – Stéphanie LeBlanc
Risques multiples pour les autres
Les sept autres sites concernés par un potentiel classement sur la liste du « Patrimoine en danger » sont Venise et sa lagune, la vieille ville de Budapest, le Grande Barrière de corail australienne, la vallée de Katmandou au Népal, la région d’Ohrid en Macédoine du Nord, le complexe W-Arly-Pendjari (un parc naturel transfrontalier entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger) et les volcans du Kamchatka en Russie. Un autre site a par ailleurs une épée de Damoclès bien plus lourde au-dessus de sa tête : le port de Liverpool. Les experts de l’Unesco ont en effet regretté le développement trop rapide de la zone portuaire au détriment du patrimoine. Le maire de la ville, Steve Rotheram, a expliqué qu’il était déçu de cette décision et invité ses dirigeants « à venir visiter [Liverpool] plutôt que prendre leur décision autour d’une table de l’autre côté de la planète ».
L’église Saint-Jean de Kaneo dans la région d’Ohrid en Macédoine du Nord ©Diego Delso / Wikimedia Commons
Un comité très critique
Pour ce qui est de Venise, le comité d’évaluation considère que l’interdiction totale des paquebots de croisière est indispensable à la sauvegarde du patrimoine vénitien et s’est de plus montré défavorable au gazoduc récemment construit près de la Cité des Doges. Concernant Budapest, une série de démolitions regrettables de sites patrimoniaux, notamment celles des casernes de Radetzky et la destruction prochaine de la façade ancienne du ministère des Finances, ont conduit les experts à demander ce classement. Enfin, pour les sites naturels, l’Unesco pointe du doigt un manque de volontarisme de la part des États-membres dans la sauvegarde de leur patrimoine. Pour le gouvernement australien, cette demande de classement comme « Patrimoine en danger » est regrettable et minimiserait ses efforts pour la préservation de la Grande Barrière de corail. Quoi qu’il en soit, le message de l’Unesco est passé.
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