De nombreux objets anciens vietnamiens sont actuellement dispersés à travers le monde. Selon l’expert en histoire et culture Trân Duc Anh Son, il est essentiel de les recenser et de retrouver leur origine pour une gestion efficace.
Un objet ancien datant du règne du roi Duy Tân (1907-1916) vendu aux enchères en France. Photo : VNA/CVN
À travers des millénaires d’édification et de développement, le Vietnam a accumulé un trésor riche en antiquités inestimables, qui constituent une part essentielle de l’identité culturelle et des traditions nationales. Malheureusement, au fil du temps, de nombreux artefacts ont voyagé vers d’autres pays pour diverses raisons. En voyant
des anciens objets vietnamiens être exposés à l’étranger, comme de nombreux archéologues, le Dr. Trân Duc Anh Son aspire à les ramener dans leur pays d’origine.
De l’Asie à l’Europe
Lors d’une exposition organisée il y a quelques années par le Musée d’art de Fukuoka, 133 céramiques vietnamiennes datant du XIIe au XVIIIe siècle ont été présentées. Ces pièces provenaient de 13 musées japonais différents. Le Musée de la céramique de Kyushu a également organisé une exposition dédiée à la céramique blanche et bleue, mettant en lumière 10 porcelaines issues des célèbres ateliers de Chu Dâu (province de Hai Duong) et Bat Tràng (Hanoï).
L’expert Trân Duc Anh Son a également repéré des antiquités vietnamiennes dans des musées en Belgique. Le Musée royal d’art et d’histoire à Bruxelles, ainsi que le Musée royal de Mariemont à Morlanwelz sont deux sites qui abritent une grande quantité d’anciens objets vietnamiens. "Le Musée royal d’art et d’histoire à Bruxelles abrite près de 3.000 reliques vietnamiennes. Une salle dédiée à l’art vietnamien expose des céramiques et des objets en bronze, notamment de la dynastie des Nguyên (1802-1945). Particulièrement, une collection exceptionnelle de 15 tambours en bronze de la culture de Dông Son (une des cultures emblématiques du Vietnam, apparue en l’an 800 avant J.C., Ndlr) constitue la plus importante collection vietnamienne de l’institution. Il s’agit également du plus vaste ensemble de tambours vietnamiens à l’étranger", informe M. Son.
Bol en or datant du règne du roi Khai Dinh (1916-1925), rapatrié après une vente aux enchères en France. Photo : VNA/CVN
En France, le Musée national des arts asiatiques Guimet à Paris détient, selon cet expert, environ 100 antiquités du Champa, ancien royaume existant au Centre du Vietnam entre les IIe et XVIIe siècles. Parmi celles-ci, un linga (représentation symbolique sacrée) en argent datant du VIIIe siècle est si précieux que les archéologues le considèrent comme un trésor national.
"Inventaire total"
Le Musée de l’armée de Paris conserve également le sabre Thai A du roi Gia Long (1762-1820), tandis qu’une collection d’objets en phap lam (émaillage sur cuivre), comprenant trois services à thé des dynasties Minh Mang (1820-1841) et Thiêu Tri (1841-1847), est préservée au Musée des beaux-arts de Rennes.
En Allemagne, le Musée d’art de Dresde expose une grande assiette et un ang (outil contenant de l’eau) en céramique, datant de la dynastie des Lê So (1428-1527). "À mon avis, ces deux objets méritent d’être reconnus en tant que trésors grâce à leurs valeurs inestimables liées à l’apogée de l’art de céramique à fleurs bleues sous la dynastie des Lê", estime M. Son.
Un objet en céramique vietnamien exposé au Japon.Photo : Anh Son/CVN
Le Dr. Trân Duc Anh Son croit que la réalisation d’un "inventaire total" est une possibilité envisageable pour recenser tous les anciens objets vietnamiens dispersés à l’étranger. "À mon avis, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme pourrait mettre en place un groupe de travail composé d’historiens, de muséologues et de chercheurs concernés, chargés de réaliser une revue détaillée de la quantité des reliques perdues ou volées", souligne M. Son.
Ce groupe d’experts pourrait élaborer des dossiers sur chaque antiquité, retracer leur origine et leur identité dans les musées étrangers afin de proposer leur restitution.
En effet, certains pays ont déjà restitué des trésors perdus. En 2021, l’Université d’Aberdeen au Royaume-Uni a rendu une œuvre en bronze, acquise lors d’une vente aux enchères en 1957, au Nigeria. "Une tendance à restituer des antiquités pillées aux pays autrefois colonisés a émergé", mentionne l’expert. Cette tendance a pris de l’ampleur lorsque des pays ayant perdu leur patrimoine culturel pendant la période coloniale, en temps de guerre, ou par le trafic illicite, ont commencé à proposer leur restitution. De plus, certains pays européens, anciennement colonisateurs, ont progressivement changé leur perspective sur les antiquités d’autres nations "errant" sur leur territoire, facilitant ainsi le processus de restitution.
La voix et la mobilisation des politiciens et des experts concernés contribuent également à nourrir l’espoir de rapatrier de nombreuses antiquités vietnamiennes de l’étranger.
Trinh Nguyên - TC/CVN