Le colloque international «L’École française d’Extrême-Orient (EFEO) et les sciences sociales et humaines au Vietnam» a eu lieu le 5 décembre à l’École supérieure des sciences sociales et humaines - USSH (Université nationale de Hanoi). Co-organisé par l’Université des sciences sociales et humaines de Hanoi (USSH), l’EFEO et l’Association des historiens du Vietnam, cet événement a réuni, entre autres, des professeurs et docteurs venus de ladite Université, de l’EFEO, de l’Université d’Osaka (Japon), de l’Université l’Aix-en-Provence (France), etc.
Son objectif est d’aider les Vietnamiens à mieux comprendre les contributions remarquables de l’EFEO à la conservation des vestiges historiques du Vietnam comme ceux du Champa, ceux à Hanoi pendant la période de 1900-1945, etc., ainsi que dans les études de l’espace villageois au Vietnam.
Riche d’une histoire ininterrompue de plus d’un siècle, de 1900 à aujourd’hui, l’École française d’Extrême-Orient a fortement contribué à la fondation et au développement des sciences sociales et humaines au Vietnam.
D’après Nguyên Van Khanh, recteur de l’USSH, l’EFEO est ainsi un pont solide reliant les études vietnamiennes avec le monde, avec le milieu académique français en particulier, de même qu’elle favorise la connaissance de la diversité et de la richesse de la culture traditionnelle du Vietnam à l’étranger.
Parlant de la signification de cette commémoration de l’EFEO au Vietnam, Yves Goudineau,directeur de l’École française d’Extrême-Orient, a souligné : «Si les études vietnamiennes ont pu se singulariser en France, c’est en grande partie grâce au développement même de l’EFEO. Inversement, si l’École a pu rayonner dès sa fondation sur cet +Extrême-Orient+, c’est grâce à l’action énergique de ses premiers membres et collaborateurs nationaux - lettrés et savants - qui, installés à Hanoi à partir de 1902, ont su créer les conditions intellectuelles et matérielles d’une implantation durable».
Selon lui, c’est à leurs successeurs directs et contemporains que revient le mérite d’avoir exploré et appréhendé les réalités foisonnantes du terrain, d’avoir tissé des liens intimes avec les populations et les lettrés d’alors, surtout, d’avoir su renouveler, à partir de 1993, les termes d’une coopération bilatérale ainsi que les objets de recherche les plus actuels tout en s’efforçant de préserver l’identité scientifique qui fait l’originalité de l’EFEO.
En ce qui concerne les contritions de l’EFEO à la conservation des vestiges historiques du Vietnam, la docteur Phan Phuong Thao de l’USSH informe que la combinaison habile entre l’esprit protecteur du patrimoine des Vietnamiens et les contributions scientifiques de l’EEFO a évité que de nombreux monuments culturels et historiques de valeur ne soient détruits dans la capitale. Les matériaux, les centaines de dessins de temples et de pagodes produits par l’EFEO sont autant de documents précieux mis au service de la recherche, de la restauration et de la reconstruction des vestiges.
Conscient de l’intérêt renouvelé pour la culture du Vietnam méridional et des recherches actuelles menées par l’EFEO, Pascal Bourdeauxpartage : «Depuis la réouverture d’un centre de l’EFEO à Hanoi en 1993, des collaborations avec les chercheurs du Sud du pays ont été renouées, en particulier dans les domaines de l’archéologie, de l’histoire et de la muséographie».
D’après lui, l’ouverture d’une représentation de l’École à Hô Chi Minh-Ville depuis 2012 est venue intensifier ces relations à travers le développement d’un programme de recherche intitulé «Comprendre la culture et l’environnement du Sud du Vietnam : perspectives historiques, approches contemporaines». Liant l’approche par les textes et les études de terrain, celui-ci a pour but de structurer cet intérêt multiforme pour la civilisation fluviale et pour le façonnement hydraulique du Vietnam méridional, autrement dit pour l’étude des interactions entre la construction culturelle d’un espace social d’un côté, les données naturelles et environnementales du delta du Mékong de l’autre.
En outre, divers exemples de coopération entre l’EFEO et le Centre de préservation de la citadelle de Thang Long, l’Institut d’archéologie, l’Académie des sciences sociales, la Direction d’État des archives du Vietnam... y ont été présentés.
Texte et photo : Câm Sa/CVN